Liban : Human Rights Watch accuse Israël de bombarder aveuglément les civils et de commettre « des crimes de guerre apparents »
Les bombes israéliennes ont beau pleuvoir, le nombre de morts exploser et les alertes des observateurs locaux comme étrangers se multiplier, rien n’y fait. Tel-Aviv continue d’entreprendre ses massacres au Liban. L’organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch (HRW) accuse, dans un rapport publié mercredi 23 avril, Israël d’avoir « manifestement constitué des attaques aveugles contre des civils » durant sa guerre ouverte contre l’organisation libanaise Hezbollah, à l’automne 2024.
« De plus en plus d’éléments montrent que les forces israéliennes ont systématiquement failli à leur devoir de protéger les civils, a déclaré Ramzi Kaiss, chercheur sur le Liban à Human Rights Watch. Le gouvernement libanais devrait ouvrir la voie à la justice pour les familles endeuillées, notamment en donnant compétence à la Cour pénale internationale pour enquêter sur les crimes et en poursuivre les auteurs. »
23 membres d’une famille syrienne tués
Selon le rapport de HRW, une bombe aérienne équipée d’un kit de guidage Joint direct attack munition (JDAM) – de fabrication états-unienne – a touché un immeuble habité, le 25 septembre dernier à Younine, dans l’est du Liban. 23 membres d’une famille syrienne ont été tués.
« La famille de mon oncle, qui vivait dans cet immeuble, prévoyait de partir pour la Syrie le lendemain matin, se rappelle Yousef Abdelkader, 16 ans, qui, avec son frère Mohammad, 17 ans, et leur cousin Hassan, 15 ans, étaient les seuls survivants de la famille Abdelkader présents dans l’immeuble au moment de l’attaque. Nous étions tous réunis pour lui dire au revoir. »
Un second bombardement, le 1er novembre, y a détruit une maison et tué dix civils, dont cinq femmes et un bébé âgé d’un an. L’ONG a également fait état d’un troisième bombardement à Younine le 21 novembre, « qui a coûté la vie à une famille de quatre adultes », parmi lesquels pourrait se trouver « un combattant du Hezbollah ». Human Rights Watch estime que 33 civils – dont quinze enfants – ont été victimes de ces bombardements aveugles à Younine, entre septembre et novembre 2024.
« Les sépultures des habitants tués lors des attaques israéliennes »
Pour mener à bien leur enquête, les chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus, entre novembre 2024 et février 2025, sur les lieux des bombardements à Younine. Ils ont également visité le cimetière local et « inspecté les lieux de sépulture des habitants du village tués lors des attaques israéliennes, notamment des combattants et des civils ». HRW a, enfin, examiné les photos et vidéos partagées sur les réseaux sociaux au lendemain des frappes et interrogé dix personnes, « certaines en personne, sur les lieux des frappes à Younine, et d’autres par téléphone ».
Aucun appel à évacuer n’avait préalablement été émis par l’armée israélienne, selon l’ONG, qui dit avoir contacté l’armée le 24 mars « mais n’a reçu aucune réponse ». Or, HRW annonce n’avoir trouvé « aucune preuve d’activité militaire, ni de cibles militaires », dans l’est du Liban. Le rapport de Human Rights Watch met aussi en lumière les États alliés d’Israël, dont les armes « ont été utilisées à plusieurs reprises pour commettre des crimes de guerre apparents ». Notamment les États-Unis, qui « se sont rendus complices de leur utilisation illégale », a ajouté HRW.
Entre octobre 2023 et décembre 2024, Les assauts israéliens sur le territoire libanais ont causé la mort de plus de 4 000 personnes et le déplacement forcé de plus d’un million d’autres. Malgré l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre entre Israël et le Hezbollah, les attaques israéliennes auraient fait au moins 146 morts au Liban, dont au moins 26 qui tentaient de regagner des villages où les forces israéliennes ne s’étaient pas encore retirées.
« Au 20 mars, près de 100 000 personnes restaient déplacées dans le pays en raison du récent conflit, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) des Nations Unies », rappelle Human Rights Watch. Et au vu du peu d’évolutions sur le champ diplomatique et de l’échec de la communauté internationale à arrêter les massacres, la situation catastrophique risque de se prolonger.
Être le journal de la paix, notre défi quotidien
Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.
- Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
- Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
- Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?
Nos valeurs n’ont pas de frontières.
Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.
Je veux en savoir plus !