« Marche mondiale vers Gaza » : « Ne rien faire, c’est être complice » dénoncent des centaines de Français en route vers la Palestine
Le Caire (Égypte), correspondance particulière
Quelques jours après le déroutage de la flottille de Gaza, c’est une autre flotte, terrestre celle-ci, qui s’apprête à mettre le cap vers la langue de terre. Ces jours-ci, plus de 6 000 activistes sont en train de rejoindre Le Caire afin de participer à la « Marche mondiale vers Gaza ». Leur plan : prendre des bus vers la ville d’El-Ariche, dans le Sinaï, puis effectuer à pied les 50 kilomètres qui la séparent du poste-frontière de Rafah, dimanche, où l’aide humanitaire entre au compte-goutte, bloquée par Israël.
« Ça va être historique : c’est la première fois depuis le début de la guerre que les citoyens du monde se réunissent pour exprimer leur humanité vis-à-vis des Gazaouis », se réjouit Gaby, coordinatrice de la délégation française qui compte environ 500 membres, dont 70 % de femmes. En tout, 52 délégations, issues du monde entier, sont attendues en Égypte.
Dépasser son impuissance
Johan n’a pas hésité une seconde à prendre son billet d’avion. Fils d’un père syro-libanais et d’une mère française, ce jeune homme de 29 ans était déjà sensibilisé à la cause palestinienne avant le début de la guerre. Ces derniers mois, il a commencé à sombrer : « Ça me bouffe la vie. Le soir, je vois défiler les images d’horreur sur mon téléphone et je me mets à pleurer. Certes je relaye les informations sur mes réseaux sociaux et je participe aux manifestations, mais au bout d’un moment cela ne suffit plus. Il faut agir. » Régisseur de formation, enchaînant ces derniers temps les petits jobs à gauche et à droite, cet habitant d’Aix-en-Provence a mis toutes ses maigres économies dans ce projet : « Ne rien faire, c’est être complice. Là, au moins, je me sens utile. »
Kevin, cuisinier toulousain de 39 ans, voit dans son engagement un « acte de résistance ». Politique, mais aussi personnel : « À force de pleurer chaque matin devant des enfants rachitiques, affamés par les autorités israéliennes, ça me devenait impossible de ne rien faire. Il faut montrer que les Français ne sont pas à l’image de leur gouvernement, de la même manière que les Américains ne sont pas à l’image de Donald Trump. »
Pas d’autorisation officielle
Il est toutefois probable que les marcheurs n’atteignent jamais le Sinaï. En effet, les organisateurs n’ont toujours pas reçu le feu vert des autorités égyptiennes, alors que le convoi doit partir du Caire vendredi matin. Depuis le début de la guerre, le régime de fer du président Abdel Fattah al-Sissi – qui condamne pourtant publiquement les méfaits de l’armée israélienne et a accueilli de nombreuses négociations de trêve – interdit toute manifestation de soutien à la Palestine, et plusieurs activistes égyptiens ont été emprisonnés ces derniers mois. C’est pour cette raison que les organisateurs déconseillent fortement aux ressortissants égyptiens de participer à la marche, qui aura lieu tôt le matin et en fin de journée pour éviter la chaleur.
À noter que la « Global March to Gaza », qui se veut un mouvement citoyen, apolitique, pacifiste et indépendant, n’a rien à avoir avec une initiative similaire, portée par des activistes dissidents, qui comptent partir le 19 juin du Caire. On retrouve parmi eux plusieurs figures de la complosphère, dont certains se sont fait épingler pour des propos antisémites : Thierry Meyssan, Dieudonné, Alain Soral, ou encore Astrid Stuckelberger.
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