Relation avec Satan, critique de son influence sur la sphère médiatique... La série "South Park" ridiculise Donald Trump et agace la Maison Blanche

Un humour qui n'est pas du goût du président des Etats-Unis. Mercredi 23 juillet, la série télévisée d'animation South Park a diffusé le premier épisode de sa 27e saison, intitulé Sermon on the Mount ("Sermon sur la montagne"), avec une cible principale : Donald Trump. Entre une version réaliste du milliardaire errant nu dans le désert, une relation sexuelle refusée par Satan et une ville entière sommée de produire des messages de propagande en faveur de l'exécutif, l'épisode a fait bondir la Maison Blanche.

"Cette série n'est plus pertinente depuis plus de vingt ans et se maintient à grand-peine avec des idées sans inspiration dans une tentative désespérée d'attirer l'attention", a notamment estimé Taylor Rogers, porte-parole de l'exécutif, dans un communiqué relayé par CNN. "Le président Trump a tenu plus de promesses en seulement six mois que n'importe quel autre président dans l'histoire de notre pays – et aucune série de quatrième ordre ne peut faire dérailler la vague de succès du président Trump", a-t-elle ajouté.

L'ombre de l'affaire Epstein en toile de fond

Parmi les scènes qui ont agacé la Maison Blanche, figure celle montrant la ville de South Park en train de conclure un accord financier avec le président américain, en échange de messages d’intérêt public. L’un d'eux, généré par intelligence artificielle, montre alors un Donald Trump en surpoids, nu, chancelant dans un désert, alors qu'un narrateur déclare : "Trump. Son pénis est minuscule, mais son amour pour nous est immense".

 

L'épisode revient aussi sur l'affaire Jeffrey Epstein, le financier accusé de pédocriminalité et de trafic sexuel de mineures et qui s'est suicidé en prison en 2019.

Dans une séquence, le président américain est allongé dans un lit avec Satan, qui refuse ses avances. Le diable lui reproche alors son attitude : "C'est bizarre que chaque fois que ça [la liste Epstein] revient, tu dises à tout le monde de se détendre", déclare le personnage animé.

Un contexte médiatique tendu autour de Paramount

L'épisode montre aussi Jésus en personne visitant l'école de South Park. Lorsque sa présence est remise en question par les personnages de la série, il finit par révéler : "Je ne voulais pas revenir et faire partie de l'école, mais j'ai dû le faire parce que cela faisait partie d'un procès et de l'accord avec Paramount". La déclaration fait référence à la fusion permise jeudi par un accord avec le président américain entre Paramount, maison mère de Comedy Central, qui produit South Park, et Skydance. Un rachat qui implique notamment la chaîne CBS News, en conflit avec le chef d'Etat. 

Certaines personnalités de gauche telles que la démocrate Anna Gomez ont dénoncé  sur X une "érosion de la liberté de la presse". La version animée de Jésus annonce ainsi, les dents serrées : "Vous avez vu ce qui est arrivé à CBS ? Ouais, ben, devinez qui possède CBS ? Paramount. (...) Fermez-la ou on va être annulés, bande d'idiots !".

"Nous sommes terriblement désolés"

Interrogés au Comic-Con de San Diego sur les critiques de la Maison Blanche, les créateurs ont revendiqué cette liberté de ton. "Nous sommes terriblement désolés", a ironisé Trey Parker, avec un humour pince-sans-rire, face au public, rapporte USA Today.

Pour Jeremy Morton, historien au History Colorado Center interrogé par le Washington Post, le succès de la série tient justement à son aptitude à "se moquer de tous les côtés à parts égales". "Vous ne restez pas à l'antenne pendant presque trente ans sans cette capacité à piquer tout le monde", explique-t-il. Politico note de son côté que Donald Trump, longtemps adoubé par une partie des jeunes Américains en marge du système, se retrouve désormais moqué dans les sphères culturelles qu'il avait su séduire. Plusieurs figures influentes du podcasting et du stand-up, y compris des partisans de Donald Trump notoires comme Shawn Ryan ou Andrew Schulz, expriment à présent leur frustration face à la gestion présidentielle du scandale de l'affaire Epstein.