Lettre de Volodymyr Zelensky, canal du Panama, Groenland, gaz de l’Alaska… Ce qu’il faut retenir du discours de Donald Trump
Quatre jours après avoir humilié en direct Volodymyr Zelensky, le président des États-Unis s’est exprimé, mardi 5 mars, pendant 1 h 40 devant le Congrès. Un discours qui s’inscrit dans un contexte où, depuis son investiture le 20 janvier 2024, Donald Trump entend appliquer ses mesures racistes et autoritaires. L’Humanité revient sur les principaux éléments du discours.
Une pancarte « ce n’est pas normal » d’une élue démocrate
Au moment d’arriver dans l’hémicycle, Donald Trump reçoit les vivats des républicains, déambule dans l’allée centrale, pour rejoindre le perchoir et serre des mains en chemin, rapporte l’Agence France-Presse. Juste après son passage, l’élue démocrate Mélanie Stansbury tient derrière lui une feuille en papier, où l’on peut lire : « Ce n’est pas normal. » Rapidement, un élu républicain lui arrache des mains.
Lorsque Donald Trump rejoint le perchoir, la moitié républicaine de l’hémicycle reprend en chœur « U-S-A ! U-S-A ! » et la jubilation se lit sur de nombreux visages. De l’autre côté, les élus démocrates restent assis. Certains brandissent des petites pancartes « Musk vole », en référence à l’homme le plus riche du monde. Et de lancer dès le début du discours : « L’Amérique a retrouvé son élan. »
Une supposée lettre de Volodymyr Zelensky
Le président américain a allégué avoir reçu une lettre de Volodymyr Zelensky faisant amende honorable. « La lettre dit que l’Ukraine est prête à s’asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d’une paix durable », a rapporté Donald Trump.
« Mon équipe et moi-même sommes prêts à travailler sous la direction énergique du président Trump pour obtenir une paix durable. Nous apprécions vraiment tout ce que l’Amérique a fait pour aider l’Ukraine à maintenir sa souveraineté et son indépendance », a-t-il ajouté, en citant les mots de Volodymyr Zelensky.
L’épisode d’humiliation subi par Volodymyr Zelensky lors de l’altercation, vendredi 28 février dans le bureau Ovale précédait l’annonce de Donald Trump, lundi 3 mars, d’une suspension des livraisons d’aide militaire à l’Ukraine.
Après plusieurs jours d’intenses échanges diplomatiques avec les Européens, Volodymyr Zelensky avait temporisé mardi sur X en assurant que l’Ukraine était « prête à s’asseoir à la table des négociations dès que possible pour parvenir à une paix durable ».
Le milliardaire, qui a amorcé un rapprochement spectaculaire avec Moscou avec son appel du 12 février avec Vladimir Poutine, a également affirmé avoir reçu « des signaux forts indiquant qu’ils sont prêts pour la paix ». « Il est temps d’arrêter cette folie. Il est temps d’arrêter les massacres. Il est temps de mettre fin à cette guerre insensée. Si l’on veut mettre fin aux guerres, il faut parler aux deux parties », a plaidé le président des États-Unis.
« Mon administration va reprendre le canal de Panama »
Donald Trump a réitéré ses ambitions concernant le canal de Panama, le jour même de l’annonce que deux ports détenus par le géant hongkongais Hutchison vont être cédés à un consortium américain. « Pour renforcer encore notre sécurité nationale, mon administration va reprendre le canal de Panama, et nous avons déjà commencé à le faire », a-t-il affirmé, en faisant référence à cet accord. Donald Trump a menacé de reprendre le canal dès le jour de son investiture au motif qu’il est, selon lui, exploité par la Chine.
Une réaffirmation de la volonté d’annexer le Groenland
« J’ai également un message à adresser ce soir à l’incroyable peuple du Groenland. Nous soutenons fermement votre droit à déterminer votre propre avenir et, si vous le souhaitez, nous vous souhaitons la bienvenue aux États-Unis d’Amérique », a lancé le président américain, sous forme d’invitation faite à la population de ce territoire autonome danois.
« Nous en avons vraiment besoin pour la sécurité internationale et je pense que nous allons l’obtenir. D’une manière ou d’une autre, nous l’obtiendrons », a-t-il dit dans ce premier discours de politique générale depuis son retour au pouvoir le 20 janvier. « Nous assurerons votre sécurité, nous vous rendrons riches et, ensemble, nous mènerons le Groenland vers des sommets que vous n’auriez jamais imaginés possibles », a-t-il déclaré.
Le rappel de sa volonté d’exploiter le gaz de l’Alaska
« Mon gouvernement travaille sur un immense projet de gazoduc en Alaska, parmi les plus grands au monde, dans lequel le Japon, la Corée et d’autres nations pourront être nos partenaires. (…) Tout est prêt » pour lancer le projet, a-t-il assuré lors de son premier discours devant le Congrès depuis son retour.
Ce projet de gazoduc avait déjà été mentionné par le président américain en présence du premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, début février, Donald Trump assurant que l’archipel s’était alors engagé à acheter « des quantités records » de gaz naturel américain. « Nous discutons d’un gazoduc depuis l’Alaska, qui est le point le plus proche » pour livrer du gaz vers le Japon, avait-il alors assuré.
Des menaces à l’égard des fonctionnaires
Donald Trump a également salué le gourou de l’extrême droite Elon Musk, alors que celui-ci se livre à la démolition de l’administration fédérale « Pour lutter davantage contre l’inflation, nous allons non seulement réduire le coût de l’énergie, mais aussi mettre un terme au gaspillage flagrant des impôts a-t-il indiqué. Et à cette fin, j’ai créé le tout nouveau département de l’efficacité gouvernementale, qui est dirigé par Elon Musk. Il travaille très dur » a-t-il continué.
« Mon administration reprendra le pouvoir face à cette bureaucratie irresponsable et nous restaurerons à nouveau la véritable démocratie en Amérique, a-t-il clamé. Et tout bureaucrate fédéral qui résisterait à ce changement sera immédiatement démis de ses fonctions. » Et d’asséner : « L’époque du règne des bureaucrates non élus est révolue. »
Une énième attaque envers les politiques qui luttent contre les discriminations
Donald Trump a également continué sur sa lancée nationaliste et raciste en se félicitant de sa politique d’expulsion de migrants en situation irrégulière. « Nous allons éliminer ces menaces, protéger notre patrie et mener à bien la plus grande opération d’expulsions de l’histoire américaine » a-t-il indiqué.
« Nous avons mis fin à la tyrannie des soi-disant politiques de diversité, d’équité et d’inclusion dans l’ensemble du gouvernement fédéral, ainsi que dans le secteur privé et chez nos militaires » a-t-il assuré. Et de poursuivre : « Et notre pays ne sera plus woke. »
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