« Nous ne laisserons pas une ville américaine être conquise par des ennemis étrangers » : Donald Trump et le Parti républicain prêts pour la guerre civile

La révolte qui embrase les rues de Los Angeles depuis cinq jours continue d’être instrumentalisée par le camp républicain prêt à la transformer en un laboratoire. Le président Donald Trump, qui ne cesse de mettre de l’huile sur le feu, y voit l’occasion de mettre au pas un État qu’il considère être la quintessence de tout ce que la mouvance Maga (Make America Great Again) exècre : équilibre démographique des communautés (Latinos, Blancs, Afro-américains, etc.) et corps électoral à tendance démocrate. En face, le gouverneur Gavin Newsom y voit un moyen de s’ériger en figure d’opposition au « président dictatorial » ayant dépêché près de 700 Marines et 4 000 militaires réservistes de la Garde nationale dans son propre pays.

Le duel a pris une nouvelle tournure mardi 10 juin. Déterminé à mener la « plus grande opération d’expulsions de l’histoire du pays » à bien, Donald Trump a promis de « libérer » la Californie. « Cette anarchie ne se poursuivra pas, a-t-il lancé lors d’un discours organisé sur une base militaire. Nous ne permettrons pas que des agents fédéraux soient attaqués et ne laisserons pas une ville américaine être envahie et conquise par des ennemis étrangers. »

« Donald Trump se comporte comme un tyran »

L’ex-magnat de l’immobilier – prêt à maintenir le déploiement militaire « jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de danger » – a par la suite menacé de recourir à l’Insurrection Act. Ce régime d’état d’urgence lui conférerait le pouvoir d’user des forces armées pour des missions de maintien de l’ordre sur le territoire états-unien. Des manœuvres que Gavin Newsom tente d’empêcher par la voie judiciaire.

Le gouverneur démocrate a déjà lancé des poursuites contre l’administration Trump, alors que l’hôte de la Maison-Blanche n’a pas hésité à évoquer son arrestation. « Déployer dans la rue des combattants entraînés pour la guerre menace le fondement même de notre démocratie, a réagi Gavin Newsom, considéré comme un candidat potentiel à la Maison Blanche pour 2028. Donald Trump se comporte comme un tyran, pas comme un président. »

La maire de Los Angeles, la démocrate Karen Bass, tente quant à elle de contenir les heurts dans les rues de la cité des anges. « J’ai déclaré une urgence locale et instauré un couvre-feu dans le centre-ville pour mettre fin aux actes de vandalisme et de pillage », a-t-elle annoncé mardi 10 juin. « La ville de Los Angeles était calme avant vendredi », a aussi condamné la maire, fustigeant les raids menés par la police fédérale de l’immigration (ICE), bras armé de l’administration Trump dans leur entreprise fasciste.

Le couvre-feu, entré en vigueur le soir même, doit être actif de 20 heures à 6 heures, le lendemain matin. Pas de quoi freiner des dizaines de manifestants, toujours présents dans le centre-ville à l’heure de l’entrée en vigueur du couvre-feu, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse présents sur place. De fait, la révolte en cours s’est aussi construite en réaction à la grande violence de la police de Los Angeles (LAPD), qui brutalise les manifestants à coups de matraque, de tirs de LBD et de gaz lacrymogène.

« Veuillez ignorer la déclaration précédemment envoyée »

De l’autre côté du pays, la secrétaire du département de la Sécurité intérieure (DHS), Kristi Noem, a poussé auprès de son collègue à la Défense, Pete Hegseth, afin que les Marines et la Garde nationale puissent procéder à l’arrestation de manifestants. Interrogé par le média indépendant The Intercept, le DHS a rapidement fait machine arrière au vu du probable tollé que provoquerait une telle décision. « Veuillez ignorer la déclaration précédemment envoyée », a tenté de rattraper un responsable resté anonyme, auprès du média états-unien.

Les protestations, elles, gagnent d’autres métropoles. Mardi 10 juin, en début de soirée, plusieurs milliers de personnes ont ainsi marché dans le sud de Manhattan, à New York, pour protester contre la politique autoritaire de Donald Trump. « Je suis ici pour défendre ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix, a résumé une jeune femme née aux États-Unis d’une mère mexicaine sans statut officiel, interrogée par l’AFP. Franchement, ce pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans les immigrés. »

Au Texas, fief conservateur et proche du Parti républicain, le gouverneur Greg Abbott a annoncé, dans la soirée de mardi, le déploiement des militaires réservistes de la Garde nationale. « Manifester dans le calme est légal. S’en prendre aux personnes ou aux biens est illégal et déclenchera des arrestations », a-t-il tenté de justifier sur son compte X. Interrogé sur la différence de réaction à ces manifestations par rapport à l’invasion du Capitole par une foule de partisans, le 6 janvier 2021, Donald Trump a répondu qu’il y avait « une nette différence ». Cette fois-ci, des citoyens s’élèvent contre sa politique ; son administration et le Parti républicain n’hésitent donc plus à recourir à la force.

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