À Los Angeles, le courage d’affronter la police
Déployer la garde nationale en renfort quand on sait comment sont équipées les polices de Los Angeles (LAPD) et de l’immigration (ICE) ressemble à un aveu de faiblesse. La révolte populaire gagne du terrain. À Los Angeles, à New York et dans d’autres grandes villes, les associations de défense de l’immigration dénoncent depuis plusieurs semaines les arrestations collectives arbitraires, les violations systématiques des droits et la disparition de migrants, avec ou sans papiers.
Ces opérations terrorisent les migrants, leurs familles, leurs communautés. Los Angeles a des allures de ville fantôme récemment. Dans la ville sanctuaire où vivent 1,35 million d’immigrés, les rues sont désertées par les vendeurs de rue, les travailleurs journaliers…
Mais, ce week-end, les habitants se sont mobilisés pour faire barrage à une série de raids simultanés des agents de l’immigration, qui, sous les ordres de l’administration Trump, ont capturé 118 civils sur leurs lieux de travail ou en chemin vers des rendez-vous administratifs en seulement une semaine. La révolte populaire prend la forme de barrages et barricades, d’embuscades, de confrontations directes avec les policiers. Sachant que le LAPD est capable de contenir de grandes manifestations, mais est mis en difficulté par des dizaines de rassemblements plus petits, les manifestants se déploient de manière stratégique, à divers endroits simultanément.
En outre, les militants anti-police diffusent activement leurs conseils et tactiques : filmer la police, se masquer pour éviter d’être filmé par la police et identifié par les logiciels de reconnaissance faciale, s’armer de gants, de lunettes et de parapluies en guise de boucliers, désactiver les fonctions de localisation sur son téléphone, ou le laisser à la maison, inscrire le numéro d’un avocat sur son bras ou sa cuisse, utiliser du lait pour calmer la douleur des gaz lacrymogènes et fabriquer des petites bombonnes de récupération de ces gaz grâce à du bicarbonate de soude et de l’eau…
Le gouverneur de Californie a désapprouvé l’envoi de la garde nationale. La dernière fois qu’un président américain avait déployé l’armée pour réprimer des manifestations civiles, c’était en 1992, lors des soulèvements de Watts, après l’acquittement des policiers ayant tabassé Rodney King.
La nécessité d’abolir l’institution policière est flagrante. Mais les démocrates font preuve, une fois encore, de leur incohérence, ou plutôt, de leur attachement au statu quo et aux structures de la répression. La maire de Los Angeles par exemple, Karen Bass, s’est dite « furieuse » des « tactiques qui sèment la terreur et affectent la sécurité dans (sa) ville ». Pourtant, le même jour, elle a adopté le budget municipal accordant 240 nouveaux recrutements au LAPD, dont le budget annuel dépasse déjà les 2 milliards de dollars.
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