« Nous voulons Trump en 2028 » : à Washington, Steve Bannon prêche pour la fin de la démocratie en faisant… un salut nazi

Les voix qui se sont élevées pour défendre le geste d’Elon Musk, entrepreneur reconverti en agent exterminateur de l’État de droit états-unien, vont devoir redoubler d’imagination. Steve Bannon, idéologue néofasciste et ancien conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, a réalisé un salut nazi à la fin de son discours, jeudi 20 février, lors de la Conservative political action conference (CAPC), une grand-messe pour les pontes de l’extrême droite nationale comme mondiale.

Si, l’hypothèse du « salut romain » a largement été diffusée tant par les champs politiques et médiatiques que par les réseaux sociaux un mois plus tôt – Elon Musk a tendu le bras à l’occasion de l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier -, le geste Steve Bannon, idéologue revendiqué de l’extrême droite mondiale, appui la fascisation débridée des États-Unis.

« L’avenir de l’Amérique, c’est Make America great again »

Invité à s’exprimer lors de la journée d’ouverture de la CAPC, Steve Bannon ne s’est ainsi pas cantonné à réaliser ce geste renvoyant aux dictatures fascistes du XXe siècle. Au-delà de ce geste, l’ex-conseiller du président des États-Unis a enchaîné les appels à en finir avec la démocratie. « L’avenir de l’Amérique, c’est Make America great again (MAGA). Et l’avenir de MAGA, c’est Donald Trump, a-t-il par exemple lancé, face à un public conquis. Nous voulons Trump en 2028. C’est ce qu’ils ne supportent pas. »

Soit une prise de position claire pour que l’ancien promoteur immobilier passe outre la limite de deux mandats pour un président états-unien. « Nous ne battrons pas en retraite, nous ne renoncerons pas », a-t-il prévenu, avant d’enchaîner sur « fight, fight, fight » en référence aux propos de Donald Trump, suite à la tentative d’assassinat le visant.

L’ancien conseiller de Donald Trump, viré en 2017 pour avoir critiqué le rapprochement de Trump avec la Russie de Vladimir Poutine, a passé ces dernières années à mener la bataille culturelle par tous les moyens. Moins médiatisé que durant la première campagne présidentielle de Donald Trump, Steve Bannon a traversé l’Europe pour distiller des conseils aux partis et groupes d’extrême droite.

Accusé d’avoir détourné des fonds

Il a aussi créé un podcast qui attire plusieurs millions d’auditeurs depuis 2020. Baptisé « War Room : Pandemic » puis « Bannon’s War Room », son émission surfe sur les angoisses de la frange la plus réactionnaire des États-Unis. De la pandémie de Covid-19 à la victoire de Joe Biden en 2020, Steve Bannon n’a cessé de relayer les théories les plus complotistes afin d’imposer son récit et d’enfouir la réalité. Accusé d’avoir détourné des fonds prétendument destinés à la construction d’un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, il a été gracié par Donald Trump lors du dernier jour de son premier mandat.

Il a aussi été condamné en octobre 2022 à quatre mois d’emprisonnement pour son refus de coopérer à l’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, par des partisans de Donald Trump. Il a purgé cette peine en prison et a été libéré fin octobre 2024, en pleine campagne présidentielle. Depuis, il a repris les commandes de son podcast, où il s’est présenté comme un « prisonnier politique » et a appelé ses auditeurs à voter en masse pour Donald Trump.

De quoi lui permettre de revenir sur le devant de la scène lors de cette conférence annuelle des conservateurs, organisée dans la capitale des États-Unis. Un événement où plusieurs figures de l’extrême droite du monde entier sont invitées… dont un certain Jordan Bardella pour la France. Le président du Rassemblement national, fasciné par la stratégie politique de Donald Trump, y représente le groupe Patriotes pour l’Europe au Parlement européen. Alors qu’il devait y prendre la parole, vendredi 21 février, il a décidé d’annuler son discours en raison du geste de Steve Bannon. Soit l’excuse parfaite pour poursuivre son entreprise de dédiabolisation à peu de frais.

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