Suspension de MaPrimeRénov' : "C'est totalement insupportable et incompréhensible", réagit le président de la Fédération française du bâtiment

"C'est totalement insupportable et incompréhensible", s'est insurgé mercredi 4 juin sur franceinfo Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, après l'annonce du ministre de l'Economie Eric Lombard de suspendre cet été le dispositif MaPrimeRénov', pour le rétablir "avant la fin de l'année", afin de "reprendre la main" face à "un encombrement" des dossiers et "un excès des fraudes".

"C'est scandaleux"

Pour Olivier Salleron, les professionnels et les particuliers manquent de visibilité sur ce dispositif : "Le système a été mis en place il y a cinq ans et il est modifié tous les six mois. En début d'année, il a été gelé pendant deux mois, et trois mois après, on le regèle, soi-disant car il y a trop de fraudes sur les rénovations globales. Alors oui, il y en a certainement, mais 16 000 sur le nombre total de rénovations, ce n'est pas tragique, d'autant qu'avec l'informatique il doit y avoir moyen de les détecter". 

 


L'entrepreneur est surpris de constater que c'est tout le dispositif qui est mis en sommeil : "Je ne vois pas pourquoi les monogestes (NDLR : changer les fenêtres, remplacer la chaudière, mieux isoler le logement...) qui fonctionnent plutôt bien seraient aussi arrêtés, c'est scandaleux. Il y a des centaines de milliers de Français qui l'ont utilisé et les bons trinquent pour les tricheurs".

"Les entrepreneurs sont vent debout contre cette mesure"

Plus largement, Olivier Salleron s'inquiète sur les conséquences pour le monde du BTP. "Si on arrête cette prime, on sait que les ménages vont refermer le portefeuille et arrêter les projets. Il y a environ 100 000 artisans qui se retrouveront sur la paille d'ici la fin de l'année. Les entrepreneurs sont vent debout contre cette mesure, ça va mal se passer", prédit le président de la Fédération française du bâtiment.

Il explique que les adhérents de sa fédération s'organiseront peut-être pour "descendre dans la rue, car il n'y a que ça pour être entendu. Nous n'avons pas de tracteurs mais nous avons des grues, ça peut faire mal. Nous représentons 800 000 salariés et le BTP c'est 1,7 million d'actifs. Et puis il ne faut pas que les gouvernements successifs oublient que le bâtiment est pourvoyeur de beaucoup de taxes et de TVA. Quand on met un euro dans le bâtiment, en France, on en récupère cinq. Le BTP, ça représente quasiment 8 % de notre PIB".