TÉMOIGNAGES. "Je me battrai" : à Atlanta, la communauté LGBT+ s'inquiète après l'élection de Donald Trump

Depuis l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche le 6 novembre, la communauté gay, et plus largement LGBT+, est très inquiète aux États-Unis. En cause : le "Projet 2025" des alliés du futur nouveau président, très hostile aux droits de ces citoyens. Les organisations spécialisées commencent donc à diffuser largement des relais et des messages pour permettre aux LGBTQI+ de se défendre. C'est le cas à Atlanta, en Géorgie, dans le sud-est des États-Unis, où la communauté gay, qui représente près de 5% de la population, commence déjà à s’organiser. David et Dave, un couple qui vit dans le centre de la ville, ont témoigné pour franceinfo. 

Ensemble depuis 30 ans, ce couple est allé voir, quelques jours après l'élection présidentielle, une avocate pour régler des détails concernant leurs testaments. "Elle nous a conseillé de nous marier légalement au plus vite parce que nous ne savons pas ce que fera la Cour suprême, qui est à la botte de Trump. Elle pourrait révoquer l'égalité du mariage", rapporte Dave. David complète : "Cela voudrait dire que sur mon lit de mort à l'hôpital, je ne pourrais plus voir mon compagnon"

"Ils ont retoqué 50 ans de droits des femmes, alors ils peuvent facilement balayer 10 à 20 ans de droits des gays."

Dave, habitant d'Atlanta

à franceinfo

Ces discriminations sont déjà présentes dans certains États. En Floride par exemple, les écoles censurent les livres qui évoquent l'homosexualité et dans le Colorado, les pâtissiers peuvent refuser de faire un gâteau pour un mariage homosexuel. "À quoi pensions-nous ? On s'est complètement planté. Voir que ma belle famille, qui salue l'oncle que je suis pour mes trois neveux et nièces, vote ici pour faire de moi un demi-citoyen, c'est dur à avaler. Mais si les choses tournent mal, je me battrai. J'irai à Washington, tiens, j'irai brûler la Cour suprême", assure Dave. Derrière la blague, il raconte combien ils se sont tous les deux mobilisés lors des grandes manifestations pour les gays en 1993.

Malgré tout, David, son compagnon, le met en garde : "Le danger, c'est que cette fois-ci, Trump envoie l'armée et ça pourrait vraiment devenir moche ici. Aujourd'hui, je suis allé voir ma mère de 99 ans. Ma famille vote républicain depuis toujours et je lui ai dit : 'Maman, je ne comprends pas comment vous pouvez soutenir un homme si haineux, jugé pour viol, mis en examen pour crime, un escroc, c'est tout ce que vous rejetiez'. Je lui ai dit que ça remettait en cause toute mon éducation. Aujourd'hui, je n'ai pas vraiment peur, mais je suis profondément blessé". Et il s'inquiète surtout pour les droits des personnes trans, devenues la cible des trumpistes.