L’Iran et Gaza au menu de Trump et Netanyahou
Troisième rencontre depuis le début de l’année entre Donald Trump et Benyamin Netanyahou à la Maison-Blanche, ce lundi 7 juillet, et peut-être la plus importante. La guerre génocidaire menée par Israël à Gaza est entrée dans une nouvelle phase après la violation du cessez-le-feu par Tel-Aviv le 18 mars et l’utilisation de l’arme alimentaire contre les Palestiniens.
Pourtant, comme si de rien n’était, les États-Unis ont lancé de nouvelles propositions, visant à faire croire qu’un processus était lancé. Comme dans un jeu de rôle bien huilé, les deux dirigeants suivent leur partition à la lettre, brouillant les pistes, faisant étalage d’optimisme un jour, avant d’adopter, le lendemain, un ton menaçant.
La prudence reste de mise
Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas devaient reprendre ce dimanche 6 juillet à Doha (Qatar) pour un accord portant sur une trêve de soixante jours à Gaza, la libération de dix captifs israéliens vivants et la restitution d’un certain nombre de corps, en échange de prisonniers palestiniens.
Mais le mouvement palestinien exige également certaines conditions pour le retrait d’Israël, des garanties contre une reprise des combats pendant les négociations et le retour du système de distribution d’aide dirigé par l’ONU. Des conditions jugées « inacceptables » par Netanyahou, qui a néanmoins annoncé l’envoi de négociateurs au Qatar. Trump, lui, a fait savoir samedi qu’il était « heureux que le Hamas ait réagi positivement », ajoutant : « Un accord pourrait être trouvé la semaine prochaine. » Il a néanmoins averti, comme à son habitude : « Je suis très optimiste, mais, voyez-vous, la situation évolue de jour en jour. »
La prudence reste de mise. Après tout, le gouvernement que dirige Netanyahou a déjà fait échouer deux accords sur les otages, le premier en décembre 2023 et le second en mars de cette année. Il sait néanmoins pouvoir compter sur le soutien total du président états-unien. Celui-ci n’a jamais protesté contre l’utilisation de l’aide humanitaire à des fins guerrières et finance à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars la fameuse Gaza Humanitarian Foundation (GHF), qui opère en lieu et place des organismes des Nations unies. Des distributions alimentaires qui font chaque jour plusieurs dizaines de morts.
L’Iran au centre des discussions
Il n’est cependant pas certain que la question de Gaza soit réellement au centre des discussions à la Maison-Blanche ce lundi. Ce rendez-vous entre les deux hommes survient quelques semaines après l’attaque de douze jours menée contre l’Iran et à laquelle les États-Unis ont pris une part non négligeable, notamment en larguant les fameuses bombes « bunker buster » de 14 tonnes. Le cessez-le-feu conclu et accepté le 25 juin est peu précis. De nombreuses options restent ouvertes. Il n’y a aucune clarté sur la définition des violations ni sur les moyens et méthodes de mise en œuvre des clauses de l’accord.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a décrit une politique assimilable à un « endiguement agressif » de l’Iran, suggérant qu’Israël pourrait préférer appliquer la même stratégie que celle utilisée lors du cessez-le-feu avec le Hezbollah, à savoir riposter par la force militaire dès qu’il identifie un site ou une activité suspects. Cependant, sans règles de conduite convenues, cette approche pourrait entrer en conflit avec « l’objectif de désescalade du président Trump », écrit The Washington Institute for Near East Policy, un groupe de réflexion (think tank) particulièrement influent.
Il résume bien les enjeux de cette rencontre Trump-Netanyahou. En substance, « les deux dirigeants devraient se concentrer sur l’articulation d’une vision pour un accord diplomatique avec l’Iran, esquisser une feuille de route commune sur Gaza, préparer le terrain pour une normalisation arabo-israélienne plus poussée et la mise à jour des paramètres de la coopération stratégique bilatérale pour une nouvelle réalité régionale ». La France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne (signataire de l’accord de 2015 sur le nucléaire avec l’Iran) ne sont pas conviés à la table.
Changement de doctrine de sécurité
L’avenir du programme nucléaire de l’Iran et, au-delà, de l’Iran lui-même, apparaît comme la clé de voûte de ce remodelage du Moyen-Orient. Tout de suite après la chute de Bachar Al Assad, les pays occidentaux ont établi des liens politiques et commerciaux avec Ahmed Al Charaa, celui qui avait importé al-Qaïda et Daech en Syrie. La semaine dernière, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, avait indiqué que son pays était « intéressé » par une normalisation de ses relations avec la Syrie et le Liban, tout en soulignant qu’Israël n’avait pas l’intention de restituer la partie du Golan syrien conquise en 1967 et annexée en 1981.
Pour le président des États-Unis, il convient maintenant d’accélérer le processus de négociation avec l’Arabie saoudite, interrompu par les attaques terroristes du 7 octobre 2023. Mettre fin à la guerre dans l’enclave palestinienne en lien avec les pays arabes et particulièrement l’Arabie saoudite est donc indispensable.
Enfin, l’engagement militaire direct des États-Unis aux côtés d’Israël contre l’Iran représente un tournant historique depuis que Tel-Aviv a intégré, en 2021, le Commandement central états-unien (Centcom) en lieu et place de l’Eucom. Pour Israël, qui se trouve ainsi dans une structure militaire aux côtés de nombreux pays arabes (dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, le Liban, le Qatar, la Syrie…), il s’agit bien d’un changement de doctrine de sécurité.
Et puis, ce voyage à Washington a également pour avantage de permettre à Benyamin Netanyahou de reporter son procès pour corruption, dont Donald Trump a ouvertement demandé l’annulation. Les tribunaux israéliens sont en vacances d’été du 21 juillet jusqu’au début du mois de septembre.
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