Corée du Sud: le président Yoon sommé de démissionner après avoir décrété la loi martiale

Corée du Sud: le président Yoon sommé de démissionner après son éphémère loi martiale

Des manifestants réclament le retrait du pouvoir du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, à Séoul, en Corée du Sud, le 4 décembre 2024.  Soo-hyeon Kim / REUTERS

Son camp exige des comptes, l’opposition veut le destituer, et la plus importante intersyndicale du pays a appelé à une «grève générale illimitée» jusqu’à son départ.

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«Démission», «comptes à rendre»: le président sud-coréen est mis dos au mur, ce mercredi 4 décembre, par l'opposition comme par son propre parti. Yoon Suk Yeol, dont la cote de popularité était déjà extrêmement faible, avait décrété la loi martiale mardi lors d'une allocution surprise, en accusant l'opposition de constituer des «forces hostiles à l'État». C'est notamment un conflit sur l'adoption de son budget au Parlement, où le camp présidentiel est minoritaire, qui a mis le feu aux poudres.

À l'annonce de l'instauration de la loi martialedes hélicoptères de l'armée ont atterri sur le toit du parlement mais les députés ont pu se réunir en catastrophe pour adopter une résolution exigeant l'abrogation de la mesure. Des centaines de manifestants se sont parallèlement rassemblés devant le parlement pour exiger le retrait du texte et la démission de Yoon. L'imposition de la loi martiale, une première depuis plus de 40 ans dans le pays, impliquait la suspension de la vie politique ainsi que la fermeture du parlement et la mise sous contrôle des médias. Cette annonce a généré inquiétude et désapprobation dans le monde, notamment des États-Unis, principal allié de Séoul face à la Corée du Nord, et de la Chine.

Le président doit expliquer cette situation tragique tout de suite et en détail. »

Han Dong-hoon, chef du Parti du Pouvoir au Peuple

En Corée du Sud, le principal parti d'opposition a exigé la «démission» de Yoon et menacé d'engager une procédure en destitution contre lui s'il ne la remettait pas «immédiatement». «Nous allons porter plainte pour rébellion» contre Yoon, ses ministres de la Défense et de l’Intérieur et des «personnalités clés de l’armée et de la police, telles que le commandant de la loi martiale (général de l’armée, NDLR) et le chef de la police», a indiqué dans un communiqué le Parti démocrate. 

Son propre camp, le Parti du Pouvoir au Peuple, a souligné que son dirigeant devra rendre des comptes. «Le président doit expliquer cette situation tragique tout de suite et en détail», a déclaré à la télévision le chef de sa formation, Han Dong-hoon, soulignant que «tous les responsables devront rendre des comptes». Le chef de cabinet du président et d'importants collaborateurs ont dans la matinée «présenté en masse leur démission», selon l'agence nationale Yonhap. 

La Confédération coréenne des syndicats, plus importante intersyndicale du pays avec ses quelque 1,2 million de membres, a appelé à une «grève générale illimitée» jusqu'à la démission de Yoon, estimant qu'il avait «signé sa propre fin au pouvoir».

«Yoon est devenu fou»

Dans la foulée de la proclamation de la loi martiale, le Parlement s'était réuni alors que des soldats des forces spéciales tentaient de pénétrer dans la salle de session. Devant le bâtiment, mis sous scellés dans la nuit, des manifestants ont clamé: «Arrêtez Yoon Suk Yeol!», ont constaté des journalistes de l'AFP. «Pourquoi est-ce qu'on a dû venir ici après avoir travaillé toute la journée, en pleine semaine?», a crié un manifestant. «C'est à cause de cette loi martiale insensée décrétée par Yoon, qui est devenu fou», s'est écrié un autre protestataire, acclamé par des centaines de personnes.

Yoon s'était finalement résolu à annoncer à la télévision la levée de la loi martiale et le retrait des troupes déployées dans la capitale, suscitant des cris de joie des manifestants. À la demande de l'Assemblée nationale, «nous avons procédé au retrait des militaires qui avaient été déployés pour les opérations de loi martiale», a dit Yoon à 04h30 locales (20h30 à Paris mardi). L'armée avait indiqué qu'elle n'obéirait qu'aux ordres du président.