REPORTAGE. "J'espère que la Cour constitutionnelle prendra la bonne décision" : en Corée du Sud, des manifestants se réjouissent de la destitution du président par intérim mais s'inquiètent de l'avenir

En Corée du Sud, l'Assemblée a destitué le président par intérim et Premier ministre, Han Duck-soo, deux semaines après avoir destitué le président, Yoon Suk-yeol. Il avait tenté d'instaurer la loi martiale sur le territoire. Le sort des deux politiciens est entre les mains de la Cour constitutionnelle. C'est tout près de ce bâtiment, à Séoul, que les manifestants ont choisi de se rassembler, vendredi 27 décembre.

Malgré la neige et les températures négatives, les manifestants débordent d'énergie et chantent leur joie à pleins poumons. Car la motion de destitution déposée par l'opposition contre le Premier ministre et président par intérim est passée à 192 voix, l'unanimité. Et ce malgré le boycott du camp présidentiel. Hong Sarang a 17 ans. La lycéenne est emmitouflée dans son manteau d'hiver : "Après la destitution [du Premier ministre] j'étais soulagée, et fière. J'espère que la Cour constitutionnelle prendra la bonne décision, qu'elle reflétera la volonté du peuple."

"La situation politique en Corée est actuellement très instable et précaire"

Car c'est l'institution qui aura le dernier mot. En attendant sa décision, le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Choi Sang-mok, assure deux rôles : la présidence et le poste de Premier ministre par intérim. Seon Gyeong-Il est professeur : "La position que le vice-premier ministre adoptera à l'avenir doit être en raccord avec la volonté du peuple. Il doit nommer les juges à la Cour constitutionnelle. Il doit faire passer les projets de loi."

"Si ma présence [à ces rassemblements] peut participer à faire pression sur le vice-Premier ministre, alors je veux aider. C'est pour ça que je suis là."

Seon Gyeong-Il, professeur sud-coréen

à franceinfo

Le Premier ministre déchu avait opposé le véto présidentiel à certains projets de loi. L'un concernait une enquête spéciale sur le président Yoon Suk Yeol et sa tentative d'instaurer la loi martiale. L'autre, la première dame, accusée de corruption. Certains manifestants sont encore très inquiets. C'est le cas de Park Daeyoon, 41 ans : "La situation politique en Corée est actuellement très instable et précaire parce qu'il y a eu la loi martiale, puis la destitution du président et celle du Premier ministre. Mais ils essaient de trouver un moyen de s'en sortir et de gagner du temps. Je pense que c'est cela qui rend la situation politique encore plus difficile pour le pays."

Depuis le fiasco de la loi martiale du 3 décembre, la valeur du won, la monnaie locale, a dégringolé. Elle est à son plus bas niveau depuis 15 ans.