Diplomatie : le député écologiste parisien Pouria Amirshahi interdit de séjour aux États-Unis, une première
Pour la première fois depuis 240 ans de relations entre les deux pays, un parlementaire français ne peut pénétrer sur le territoire étasunien, sa demande de séjour ayant été retoquée par l’administration. Le député du groupe Écologiste et social Pouria Amirshahi se voit donc contraint de rester en France, là où il avait prévu de voyager outre-Atlantique, où il s’était déjà rendu trois fois.
Ce déplacement était prévu dans le cadre de la Digue, collectif antifasciste et internationaliste dont il est le cofondateur. Celui-ci regroupe des parlementaires de gauche et quelques-uns du centre. Il a pour but d’organiser une réponse à la montée des extrêmes droites dans le monde.
Un refus « opaque »
D’où vient cette interdiction ? Est-ce parce que Pouria Amirshahi est détenteur d’une double nationalité franco-iranienne, à l’heure d’un regain de tensions entre les États-Unis et l’Iran ? « La demande a été faite avant que Trump ne décrète que les ressortissants iraniens étaient indésirables, mais je ne suis ni un ressortissant iranien ni répertorié comme un ami des mollahs », répond-il. Est-ce lié à l’objet de son voyage dont les objectifs ont été expliqués « de façon très transparente » ? D’après le député, les raisons restent « encore opaques » : « La durée de réponse a été particulièrement longue puis le ministère nous a informé que l’ambassade refusait mon séjour. »
« J’ai dit que nous nous rendions aux États-Unis pour rencontrer des députés et des intellectuels qui documentent la situation afin de comprendre la nouvelle donne depuis la réélection de Trump », rapporte le député écologiste qui a convoqué, ce jeudi, une conférence de presse. À cette occasion, il a reçu le soutien de la présidente socialiste de la commission des Affaires culturelles, Fatiha Keloua-Hachi, de ses collègues écolos Tristan Lahais et Léa Balage El Mariky ainsi que de la présidente de son groupe, Cyrielle Chatelain.
« Il est inacceptable que Pouria Amirshahi ne puisse pas se rendre aux États-Unis. Nous imaginons à ce stade des raisons politiques, dénonce cette dernière. Depuis le retour de Trump au pouvoir, il y a une sorte de renversement d’alliance. Pas seulement un éloignement, mais un président qui semble aller à l’encontre des intérêts de l’Europe et de la France. Il est indispensable que les parlementaires renforcent leurs liens, surtout quand nos deux pays ont une si longue histoire entre eux. » Le député en appelle au gouvernement français pour obtenir un revirement de l’administration Trump.
D’autres voyages prévus en Italie et en Hongrie
Si ce refus est une première entre la France et les États-Unis, d’autres parlementaires se sont déjà vus refuser l’accès à une autre « démocratie » autoproclamée. « C’est arrivé à nos collègues Julie Ozenne, Alexis Corbière et François Ruffin qui devaient se rendre en Israël et ont été empêchés la veille de leur départ. Voilà ce que ça dit de l’ambiance du monde, celui qui nous empêche de pouvoir éclairer l’ombre d’une diplomatie réactionnaire », rappelle Léa Balage El Mariky.
D’autres parlementaires ont prévu de poursuivre les travaux de la Digue ces prochaines semaines : la sénatrice écologiste Mélanie Vogel doit se rendre prochainement en Hongrie et son collègue député Tristan Lahais en Italie. « La Digue ne s’arrête pas », promet Pouria Amirshahi.
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