C’est quoi « La Digue », cette initiative internationale pour lutter contre l’extrême droite
Il était temps. Face à la montée des extrêmes droites et du néofascisme partout dans le monde, plusieurs députés, sénateurs, maires, se sont associés au député du groupe écologiste Pouria Amirshahi pour lancer l’initiative « La Digue ». Avec comme mot d’ordre : « Fédérer pour résister ».
« Le contexte géopolitique nous rattrape très vite, toutes les démocraties basculent ou risquent de basculer. Rien ne semble arrêter la dynamique du néofascisme identitaire, force organisée et puissante, dotée de capacités financières et de forces de frappes médiatiques qui lui permettent de nourrir le récit qu’elle adapte contre la pensée critique. C’est cette inquiétude qui nous a mobilisés. Il est temps de réveiller au tocsin toutes les consciences démocrates », explique Pouria Amirshahi.
Le député rappelle avec espoir la forte mobilisation de la gauche lors des dernières législatives, avec la création du Nouveau Front populaire : « Ce mouvement que nous avons observé en France a démontré une conscience aiguë des enjeux qui nous concernent ».
Créer un réseau international progressiste
« En tant que députée d’une circonscription populaire, je me souviendrai toujours, lors de la campagne 2024, de la terreur que j’ai vu chez les habitants, mais aussi de leur mobilisation. Je veux être digne de cela, nous devons être dignes de cela », mesure la communiste Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine.
Le projet est ambitieux : les députés entendent créer un réseau international progressiste. « Les citoyens ont conscience que les réponses ne peuvent pas uniquement se faire à l’échelle nationale. Il y a une demande de protection mais ces réponses ne suffiront pas. La France ne peut à elle seule répondre à l’offensive réactionnaire et néofasciste », appuie la socialiste Fatiha Keloua Hachi.
Face à une menace autoritaire organisée, « il faut mesurer le risque que la France puisse basculer », alerte la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. « Dans la situation où plus aucune politique démocrate ne pourrait légiférer, il faut prendre conscience de la vulnérabilité spécifique de la démocratie française au risque fasciste », alerte-t-elle.
En 2022, les Verts du Parlement européen avaient publié une étude dans laquelle huit juristes tentaient d’évaluer la capacité des pays du continent à maintenir un État de droit en cas de « choc autoritaire ». Résultats : « Viktor Orbán a mis 10 ans pour détricoter la démocratie hongroise, en France, il faudrait seulement 18 mois pour détruire l’État de droit », alerte la sénatrice.
Si les détails du programme, encore en construction, restent à préciser, Pouria Amirshahi a d’ores et déjà annoncé plusieurs voyages prévus à partir du mois de juin pour rencontrer parlementaires, activistes, syndicalistes, mouvements associatifs, intellectuels ou encore journalistes dans le monde entier. Mélanie Vogel se rendra notamment en Hongrie avec l’eurodéputée Chloé Ridel.
Une démarche « humble »
Une démarche qu’ils souhaitent « humble », pour partager et apprendre, notamment de ceux qui luttent et s’organisent face à la réalité des régimes autoritaires. Une étape aura lieu début juillet, lors du Festival des idées, afin de présenter cette initiative, et un grand meeting devrait être organisé à la fin de l’automne, annonce également Pouria Amirshahi.
Car pour combattre les extrêmes droites, il faut surtout sortir de la paralysie qui gangrène les progressistes du monde entier, estiment les parlementaires. « Comme un lapin tétanisé devant les phares d’une voiture », résume la socialiste Fatiha Keloua Hachi. « Nous les progressistes du monde entier sommes peu connectés », reconnaît d’ailleurs Pouria Amirshahi, ce qui n’a pourtant pas toujours été le cas dans l’histoire de la gauche.
La démarche a été lancée par différents élus en leurs noms propres. Si aucun insoumis n’était présent à la conférence de presse, Pouria Amirshahi a indiqué que certains d’entre eux sont intéressés. « La porte est ouverte à ceux qui veulent résister à la montée du néofascisme, mais fermée à tous ceux qui n’ont pas voulu faire le front républicain », prévient Fatiha Keloua Hachi, qui vise ici plusieurs macronistes, sans parler de la droite.
« Essayer de convaincre des gens dans la roue de Retailleau n’est pas l’idée que je me fais des moyens de défendre une démocratie. Il est en train d’accélérer la fusion des droites autour de l’acceptation du néofascisme comme étant une solution. En revanche, si les consciences s’éveillent chez certaines personnalités à droite, comme Dominique de Villepin qui pense qu’il y a un sujet au niveau du droit international, sur la défense des démocraties, sans doute qu’elles peuvent être intéressantes de ce côté-là, mais elles sont de plus en plus rares, et c’est un des symptômes de notre époque », pointe Pouria Amirshahi.
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