« Cela pourrait se reproduire », a prévenu Marco Rubio. En conférence de presse, ce mercredi, depuis Mexico, le secrétaire d’État nord-américain a justifié la « frappe ciblée », ce mardi dans les Caraïbes, d’une embarcation en provenance du Venezuela et qui aurait provoqué la mort de ses onze passagers, accusés d’être « des narcoterroristes ».
Une action militaire que certains analystes n’hésitent pas à interpréter comme un acte de guerre, et qui marque une escalade spectaculaire depuis la signature par le président Donald Trump d’un décret autorisant le Pentagone à agir contre les cartels de la drogue au-delà des frontières des États-Unis.
Le camouflage impérialiste derrière l’argument du narcotrafic
Le président « a le droit de détruire » les navires transportant de la drogue qui « menacent » la sécurité nationale, a précisé le chef de la diplomatie américaine, confirmant ainsi qu’il ne s’agit pas là d’un acte isolé mais bien d’un changement de doctrine de la part de Washington, déterminé à utiliser la force militaire loin de ses frontières en utilisant le prétexte de la lutte contre le narcotrafic.
Le mois dernier, la Maison blanche a déployé des forces aériennes et navales dans les Caraïbes, dont un sous-marin d’attaque et huit navires de guerre positionnés dans les eaux internationales situées au large du Venezuela.
Ainsi, l’opération de ce mardi – médiatisée par Donald Trump lui-même sur son réseau social – constitue surtout une menace directe pour le Venezuela. Avec un message clair : les États-Unis n’écartent pas une action militaire dans le pays – un « narco-État » selon la Maison blanche – dirigé par Nicolás Maduro.
La mise à prix d’un président
Accusé par Donald Trump d’être à la tête d’un « cartel de narcotrafic », le président vénézuélien a sa tête mise à prix par l’administration états-unienne depuis cinq ans, avec une prime pour son arrestation passée le mois dernier à 50 millions de dollars.
Alors que le Venezuela et sa révolution bolivarienne sont dans la ligne de mire des États-Unis depuis maintenant près de 25 ans, difficile de ne pas faire de parallèle avec George W. Bush qui accusait, en 2001, Saddam Hussein de posséder des armes de destruction massive et d’avoir des liens Al-Qaïda, pour préparer les esprits à l’invasion de l’Irak.
4,5 millions de miliciens « armés et prêts à l’action »
Après avoir dans un premier temps mis en doute la réalité de l’attaque de l’embarcation vénézuélienne en évoquant des images générées par l’intelligence artificielle, Caracas, qui fait planer la menace d’une invasion américaine et a annoncé la mobilisation de 4,5 millions de miliciens « armés et prêts à l’action » pour garantir « la défense du territoire national », a par la suite mis en cause sa légalité, dénonçant notamment une « exécution extrajudiciaire » par la voix de son ministre de l’Intérieur, Diosdado Cabello.
Soulignant la contradiction qu’il y aurait, selon lui, à maintenir des opérations militaires dans les Caraïbes alors qu’ « aucune mesure efficace n’est prise contre les cartels de la drogue sur le territoire états-unien », le ministre a exhorté, ce mercredi soir durant son propre programme télévisé diffusé sur une chaîne publique vénézuélienne, le Congrès américain à enquêter sur le coût et l’objectif réel du déploiement militaire ordonné par la Maison blanche dans la mer des Caraïbes.
Répondant à une déclaration dans laquelle l’Onu a fait part de son « inquiétude » face aux « tensions entre Caracas et Washington », Diosdado Cabello a demandé aux Nations unies d’aborder différemment la situation et de condamner, comme l’ont fait de nombreuses voix et chancelleries du sous-continent, « le siège des États-Unis contre le Venezuela », pays déjà sous la pression de sanctions économiques unilatérales américaines depuis maintenant dix ans.
Bientôt le retour d’une base militaire états-unienne en Équateur ?
Après son passage au Mexique, ce mercredi, où il a promis que les États-Unis intensifieraient leurs frappes contre les cartels de narcotrafiquants tout en assurant à la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum le respect de sa souveraineté, Marco Rubio s’est rendu en Équateur.
Dirigé par l’autoritaire Daniel Noboa, douteusement réélu en avril dernier, l’Équateur souhaite conclure des accords de coopération sécuritaire avec les États-Unis « pour lutter contre la violence des narcotrafiquants ».
Alors que le gouvernement de Daniel Noboa souhaite permettre le retour de bases militaires étrangères sur son sol – ce qui avait été rendu légalement impossible sous le gouvernement de Rafael Correa (2007-2017) – la ministre équatorienne des Affaires étrangères, Gabriela Sommerfeld, a préparé la venue de son homologue états-unien en déclarant, lundi dernier qu’il était « possible » que Washington établisse une présence sécuritaire dans le pays sud-américain.
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