« Choose Europe for science » : Emmanuel Macron enchaîne les coupes budgétaires, mais « fait le choix de la science » pour briller à l’international

En pointer la contradiction semble galvaudé, mais force est de constater qu’Emmanuel Macron persiste à décliner sa politique du « en même temps » jusqu’à l’excès. La nouvelle illustration en date se réalise au détriment de la recherche scientifique, réduite à un trophée à brandir à la face du monde. Le président de la République française et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, organisent, lundi 5 mai, la conférence Choose Europe for Science. Un événement monté en réaction à la purge entreprise par Donald Trump et son administration aux États-Unis.

Alors que la puissance libérale d’Amérique du Nord est devenue le terrain d’une répression historique, et qu’« aucun gouvernement n’a attaqué les sciences comme l’administration Trump », comme l’a alerté Cédric Villani, mathématicien médaillé Fields 2010, dans les colonnes de l’Humanité, Emmanuel Macron essaie de prendre la lumière en tentant d’attirer chercheurs et chercheuses en quête d’une sortie de secours. Sont conviés des représentants d’universités européennes, des commissaires européens, des ministres de la Recherche, mais aussi des scientifiques officiant à Yale ou à Stanford, aux États-Unis, comme au Canada.

Financer jusqu’à 50 % de « certains projets de recherche »

La plateforme Choose France for Science, lancée en amont de l’événement, pourrait abonder d’une aide financière qui atteindrait jusqu’à 50 % « certains projets de recherche, au mérite », annonce l’Élysée. L’enveloppe globale n’a pas encore été dévoilée. Ces annonces seront fléchées vers la recherche dans les domaines de la santé, du climat et de la biodiversité, du numérique et de l’intelligence artificielle, de l’espace ou encore de l’agriculture. L’événement sera clôturé en fin de matinée, dans les locaux historiques du campus universitaire de la Sorbonne, au cœur de Paris.

L’Élysée ne tarit ainsi pas d’éloges pour ce président « fidèle à ses valeurs humanistes », qui souhaiterait porter, selon le communiqué diffusé en amont de l’événement « une vision où la recherche devient un levier d’indépendance, de compétitivité et de souveraineté ». Pour la présidence, le constat est clair : « Alors que le monde traverse une période d’instabilité et de fragmentation, l’Europe et la France font le choix de la science ».

Les dernières annonces du gouvernement symbolisent pourtant le choix d’une science au rabais. Un décret du 25 avril dernier a supprimé 493,3 millions d’euros en autorisations d’engagement (AE) et 386,8 millions d’euros en crédits de paiement (CP) pour les secteurs de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La loi de finances pour 2025 a quant à elle déjà amputé d’environ un milliard d’euros les ressources du secteur, qui atteignent les 31 milliards.

Pourtant, quand vient le moment de promouvoir devant l’Europe sa plateforme Choose France for Science, le gouvernement annonce avoir « des crédits » à disposition, afin d’annoncer « des montants » – éventuellement sous la forme d’incitations fiscales. « La mise en place d’une plateforme en réponse à la situation des chercheur·es aux États-Unis est choquante, voire indécente », fustigent les syndicats (CGT, SNESUP-FSU, Unef, Force ouvrière, Solidaires, FSE, Snep), dans un texte commun publié vendredi 2 mai.

Soutenir le mouvement mondial « Stand-up for science »

« Après les coupes brutales dans les budgets de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en février 2024 (- 600 millions d’euros), le gouvernement Macron a encore taillé 950 millions d’euros en 2025 (dont – 493 millions sur la mission enseignement supérieur et recherche) », résume le communiqué. Une situation telle que les chercheurs français se sont mobilisés le 7 mars dernier à travers toute la France, tant pour soutenir le mouvement mondial « Stand-up for science » que pour alerter sur le danger qui guette l’Hexagone.

Des préoccupations partagées par l’intersyndicale, qui dénonce le « sous-financement chronique » du secteur, des « regroupements forcés » d’établissements, mais aussi « des atteintes quasi incessantes à la liberté académique », en rappelant les appels du pied à l’extrême droite avec la guerre menée à une pseudo-vague de wokisme et d’islamo-gauchisme au sein de l’université.

Des « sanctions disciplinaires contre des chercheur·ses qui ont exprimé leur solidarité au peuple palestinien » à « l’interdiction de conférences et de séminaires sur la situation à Gaza », en passant par « les dispositions des Zones à Régime Restrictif (ZRR), qui conduisent à des dérives inquiétantes sur les libertés (dont celle de publication) et les recrutements sous couvert de sécurité nationale », les syndicats multiplient les exemples. De quoi mettre au jour une répression qui ne cesse de grandir, loin des « valeurs humanistes » d’Emmanuel Macron.

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