Avec des centaines de tonnes exportées aux États-Unis, Donald Trump rallume la ruée vers l’or… suisse
La Suisse abrite cinq des sept plus grandes fonderies de métaux précieux au monde. Depuis le début de l'année, elles tournent à plein régime. La raison tient en un nom : Donald Trump. En déclenchant une guerre douanière, le président américain a fait exploser les demandes d'or aux États-Unis. Les investisseurs américains craignant de ne plus pouvoir se procurer aussi facilement des lingots en cas de coup dur sur les marchés.
Il faut montrer patte blanche avant de rentrer dans la fonderie d'Argor-Heraeus à Mendrisio, dans le canton du Tessin. Ici, 1 380 tonnes d'or franchissent la porte de l'usine chaque année. "La première chose qu'on fait est de contrôler l'origine de l'or qui arrive, explique Robin Kolvenbach, directeur de la fonderie. On pèse l'or pour vérifier que la quantité annoncée est la bonne. Puis on le perce pour analyser son origine en laboratoire. Si cela correspond aux documents qu'on a, alors le processus industriel peut commencer."
Trois mille euros l'once d'or
Il faut ensuite débarrasser l'or des autres métaux précieux qui le compose à l'état naturel : l'argent, le cuivre, le palladium. Pour cela il va être fondu, jusqu'à trois fois : "Dans les fourneaux, on fait fondre l'or dans ces sortes de casseroles en carbone a plus de 1 000 degrés. On obtient un or brut liquide qu'on verse dans des moules. On peut alors le travailler."
Les lingots pèsent entre 1g et 12,4 kg pour les plus gros. À près de 3 000 euros l'once d'or (31 grammes à peu près), chaque palette vaut des dizaines de millions. Pas de quoi faire tourner la tête de cet employé : "Pour moi, c'est comme si c'était une palette de chocolats. Je vous assure, je ne pense pas à sa valeur. Bien sûr, je le manipule avec tout le soin requis pour un métal précieux mais ça serait du bois ou du fer, ça serait pareil."
Sauf que le bois s'exporte moins bien. Dès le retour de Donald Trump, la Suisse est passée d'une dizaine de tonnes d'or exportées chaque mois vers les États-Unis à plus d'une centaine, et presque 200 tonnes même en début d'année. Du jamais-vu en Suisse. Une ruée vers l'or qui vient tout juste de se calmer un peu. Mais qui pourrait repartir de plus belle si Donald Trump déterrait de nouveau la hache de guerre commerciale.