Conférence internationale sur la Syrie : Emmanuel Macron veut « accompagner » la transition politique

La troisième conférence internationale pour la Syrie s’est tenue à Paris le jeudi 13 février. Étaient présents les États voisins de la Syrie, la Ligue des États arabes et le Conseil de coopération du Golfe, ainsi que la Turquie, les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Union européenne et les Nations Unies, conformément au format des premières réunions. La France a également souhaité y associer les autres membres du G7.

Mais surtout, celle-ci s’est déroulée en présence d’Assaad Al-Chaibani, le nouveau ministre des Affaires étrangères des autorités syriennes de transition. En amont, les principaux bailleurs internationaux se sont réunis pour évoquer la coordination de l’aide humanitaire et de la reconstruction.

Montrer patte blanche une levée des sanctions

L’un des principaux objectifs recherchés visait la levée des sanctions internationales. Il fallait donc, au nouveau pouvoir, montrer patte blanche et notamment évoquer un processus de dialogue sur lequel pourraient s’appuyer les pays peu regardant sur le passé djihadiste des représentants syriens. Un comité préparatoire, composé de sept personnes – dont deux femmes, chargé de l’organisation d’un dialogue national – a été formé alors qu’il y a quelques semaines, le président par intérim, Ahmed Charaa, évoquait des élections d’ici seulement quatre ans.

En marge du Sommet mondial des gouvernements organisé à Dubaï, aux Émirats arabes unis, le 12 février, Assaad al-Chaibani a assuré que son pays se doterait le 1er mars d’un gouvernement qui « représentera autant que possible le peuple syrien et prendra en compte sa diversité ». Il a même assuré que « toutes les réformes et modifications mises en place ces deux derniers mois concernant la feuille de route politique ont été (…) issues de consultations avec la diaspora syrienne et la société civile à l’intérieur du pays ».

Djihadistes versus realpolitik

Sur le papier, tout semble donc réglé. Oubliés les djihadistes et leurs projets basés sur la charia, les déclarations d’intentions suffisent. Ainsi, en clôture de la Conférence, Emmanuel Macron n’a pas craint d’affirmer : « Ce que vous avez réussi le 8 décembre dernier, c’est-à-dire sortir de l’obscurantisme et de la nuit tout un peuple qui s’est battu avec beaucoup de courage, continue à être un chemin d’espoir (…) Nous sommes obligés au sens moral du terme, de vous accompagner sur ce chemin parce qu’il en va de votre sécurité, de votre souveraineté, de l’avenir de votre pays et de votre peuple, de celui de tous les pays amis de la région et aussi de nous-mêmes, l’histoire nous l’a montré. » Parler de sortie de l’obscurantisme et de la nuit grâce à ceux qui ont importé en Syrie l’État islamique (Daech) et Al Qaïda, c’est tout de même osé, même si personne ne regrette le régime baassiste, son autoritarisme, ses prisons et ses meurtres de masse.

La philosophie qui semble l’emporter à l’Élysée et au Quai d’Orsay est le pragmatisme, la realpolitik. En substance, si on est absent, quelqu’un d’autre prendra la place. « Nous travaillons avec mes homologues européens à engager une levée rapide des sanctions sectorielles économiques », a fait savoir le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot à l’occasion de la Conférence à Paris. « Nous allons lever les sanctions pas à pas », a également révélé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock. « Le gouvernement présentera des mesures dans les prochains mois pour adapter le régime de sanctions contre la Syrie », a indiqué de son côté le ministre britannique en charge des sanctions, Stephen Doughty, dans une déclaration écrite à la Chambre des Communes, jeudi 13 février.

Le Président syrien bientôt reçu à l’Élysée

Se voulant leader du mouvement, Emmanuel Macron a insisté sur les défis sécuritaires, politiques, économiques et judiciaires, appelant à un soutien international structuré à la transition syrienne. « Nous continuerons à soutenir la société civile syrienne », a insisté le président français, soulignant que la réussite de la transition dépendra de la capacité du nouveau gouvernement à reconnaître toutes les communautés et à garantir leurs droits. Rappelant que la Syrie sort d’une décennie de guerre, il a annoncé que la France tiendra son engagement de consacrer 50 millions d’euros à l’aide humanitaire et à la stabilisation du pays.

Il a également appelé les autorités de transition en Syrie à s’associer à la lutte contre le groupe État islamique, toujours actif dans le pays. Et il a eu cette formule étonnante : « L’objectif prioritaire, c’est la sécurité, c’est faire en sorte que la Syrie ne redevienne pas une plateforme logistique pour les milices liées à l’Iran et qui participent de son agenda de déstabilisation régionale ». S’agissant des Kurdes, il a été peu disert, se contenant de demander leur intégration dans la lutte contre Daech et dans le processus de transition, sans entrer dans les détails.

Emmanuel Macron a réaffirmé la volonté de la France de rester un partenaire clé dans la reconstruction syrienne. Il a annoncé bientôt recevoir à Paris le Président syrien Ahmed al-Charaa, pour poursuivre les discussions sur l’avenir du pays.

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