À Damas, le programme ultralibéral des islamistes pour installer « économie de marché libre et compétitive »

Le président syrien autoproclamé Ahmed Al Charaa s’occupe de la représentation du pays à l’étranger en faisant bien attention de ne froisser personne et surtout pas les deux puissances régionales, la Turquie et l’Arabie saoudite, qui entendent bien jouer un rôle clé dans la reconstruction de la Syrie et se présenter comme les parrains de Damas à l’heure d’un remodelage du Moyen-Orient et d’un affaiblissement de l’Iran.

Reçu à Riyad le dimanche 2 février par le prince héritier Mohammed ben Salmane, il a discuté « de vastes projets pour l’avenir, dans les domaines de l’énergie, la technologie, l’éducation et la santé, pour arriver ensemble à un véritable partenariat visant à préserver la paix et la stabilité dans toute la région et améliorer la réalité économique du peuple syrien », comme l’a fait savoir Ahmed Al Charaa dans un communiqué.

Vers une « économie de marché libre et compétitive »

En Turquie, où il s’est rendu directement depuis le Golfe, il devait établir un « pacte de défense commune » comprenant l’établissement de bases aériennes turques dans le centre de la Syrie et l’entraînement militaire de la nouvelle armée syrienne, selon quatre sources citées par l’agence Reuters. Ce qui offrirait une place de choix à Ankara, qui veut en finir avec les mouvements kurdes du Nord-Est syrien.

Mais en interne, les nouveaux dirigeants islamistes syriens ne chôment pas, même si des élections ne sont prévues que dans quatre ans. Ils ont entrepris une refonte radicale de l’économie du pays, avec des projets de licenciement d’un tiers des employés du secteur public et de privatisation des entreprises publiques.

Le nouveau ministre syrien de l’Économie, Basil Abdel Hanan, 40 ans, ancien ingénieur en énergie, a déclaré à Reuters que le pays allait évoluer vers une « économie de marché libre et compétitive ». Le gouvernement va travailler à la privatisation des entreprises industrielles publiques, qui sont au nombre de 107 et sont pour la plupart déficitaires, a-t-il dit. Il a cependant promis de garder les actifs « stratégiques » de l’énergie et des transports entre les mains du secteur public.

« Non aux licenciements arbitraires et injustes »

« Certaines entreprises publiques semblent exister uniquement pour détourner des ressources et seront fermées », a déclaré le ministre des Finances Mohammed Abazeed dans une interview. Citant une étude préliminaire, ce dernier affirme que seules 900 000 des 1,3 million de personnes rémunérées par le gouvernement viennent effectivement travailler.

Mohammad Alskaf, le ministre du Développement administratif, qui supervise les effectifs du secteur public, affirme que l’État aurait besoin de 550 000 à 600 000 travailleurs, soit moins de la moitié du nombre actuel.

Ces projets ont déclenché des manifestations en janvier dans des villes comme Deraa, dans le sud de la Syrie, où la rébellion a éclaté pour la première fois en 2011, justement pour dénoncer les problèmes sociaux et économiques, et Lattaquié, sur la côte.

Dans cette même cité de Deraa, les employés de la direction de la santé ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Non aux licenciements arbitraires et injustes » lors d’une manifestation réunissant quelques dizaines de personnes.

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