Sécurité : après avoir donné raison à Robert Ménard sur TF1, Emmanuel Macron en tournée promo de la politique Darmanin
Si Emmanuel Macron a balayé sur le terrain social toutes les propositions de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, ânonnant les dogmes de sa politique de l’offre, il est un invité de TF1 à qui il n’a pas manqué de donner raison sur toute la ligne ou presque : Robert Ménard, le maire d’extrême droite de Béziers. Même l’édile s’est dit « surpris » d’une telle connivence à l’issue de l’émission, selon le Parisien. Le chef de l’État a ainsi acquiescé à la proposition de confier davantage de prérogatives aux polices municipales à condition que cela se fasse « sous l’autorité du procureur de la République ».
Validant la thèse de l’enfermement comme unique solution, contrairement à nombre de recommandations de spécialistes de la question, l’hôte de l’Élysée a aussi dit son souhait, pour atteindre les 15 000 places supplémentaires en prison promises en 2017, d’« accélérer sur les 5 000 qui sont en cours pour les faire dans les deux ans » et d’« alléger les normes » pour les 5 000 restantes, vantant le projet du ministre de la Justice Gérald Darmanin qui a annoncé mi-avril qu’il allait lancer en mai et juin deux appels d’offres pour construire 3 000 places de prison dans des préfabriqués, destinées aux détenus en semi-liberté ou condamnés à de courtes peines. Il a d’ailleurs aussi qualifié de « tout à fait pertinente » l’idée de faire participer les détenus aux frais de leur incarcération, comme récemment évoqué par le garde des Sceaux.
Une promotion de la politique ultra-sécuritaire qui se poursuit sur le terrain
Le président, encore questionné par l’édile, s’est même dit favorable mardi à la possibilité de « louer » des places de prison dans d’autres pays. « Oui, on louera si besoin était les places de prison là où elles sont disponibles », a-t-il affirmé insistant sur le fait qu’il n’a « pas de tabou là-dessus ». Dans une interview au Journal du dimanche, le 22 mars, Gérald Darmanin, jugeait déjà qu’il n’y avait « pour le moment aucun contre-avis juridique » à la sous-traitance de l’incarcération alors que le Danemark devrait bientôt louer 300 places de prison au Kosovo pour les détenus étrangers condamnés à l’expulsion, au mépris de leurs droits.
Et tandis que Robert Ménard, qui va être jugé en correctionnelle pour avoir refusé d’unir un Algérien visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et sa compagne française, l’interrogeait sur le sujet, le président de la République lui a encore donné le point jugeant la situation « ubuesque parce que le droit est mal fait ». Il a affirmé vouloir que « soit inscrite rapidement à l’Assemblée » une proposition de loi interdisant le mariage pour les étrangers en situation irrégulière, évoquant un « débat de bon sens », à propos de ce texte approuvé en février par le Sénat et soutenu par Gérald Darmanin comme Bruno Retailleau.
Au lendemain de l’émission, Emmanuel Macron doit poursuivre son opération promotion de la politique ultra-sécuritaire, conduite par le gouvernement et qui a peu à envier aux préconisations de l’extrême droite, à l’occasion des hommages aux victimes de l’attaque du fourgon transportant Mohamed Amra au péage d’Incarville (Eure), il y a un an. Il entamera ses déplacements par l’inauguration, en présence des ministres Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, d’un nouvel « état-major interministériel de lutte contre la criminalité organisée » , installé dans les locaux de la Direction nationale de la Police judiciaire (DNPJ) à Nanterre.
Il se rendra ensuite au centre pénitentiaire de Caen pour un moment de recueillement avec les familles des deux surveillants tués avant de se rendre à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais, choisie par le garde des Sceaux pour accueillir les 100 narcotrafiquants les plus dangereux.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
- nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus