« J’ai décidé de taper fort » : quitte à malmener les droits fondamentaux, Gérald Darmanin annonce l’ouverture de deux prisons ultra-sécurisées en 2025
Avec un jour de retard pour laisser la priorité à l’allocution présidentielle de la veille, Gérald Darmanin a annoncé jeudi soir sur le plateau du journal de 20 heures de France 2 la localisation des deux premières prisons de très haute sécurité où seront enfermés les prisonniers, déjà jugés et condamnés ou simples prévenus, mais estimés très dangereux. Cette estimation dépendra de leur « capacité à corrompre », « à menacer », « à tenir une communication avec l’extérieur », « à toucher de l’argent de l’étranger », « à menacer des magistrats, des policiers, des journalistes, des avocats ». Ce sont « les services de police et de justice qui vont me désigner les personnes les plus dangereuses, a indiqué le garde des sceaux. Je prendrai un arrêté pour chacune des personnes et ces personnes seront mises dans cette prison ». Pour une durée de quatre ans, renouvelable.
Le « régime de détention très strict » qui leur sera appliqué a fait l’objet d’un amendement à la proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic, qui a été adopté mercredi par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Très critiqué par les associations de défense des droits des prisonniers, comme l’OIP, qui le juge « attentatoires aux droits fondamentaux », il comprend des mesures telles que des fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur, des parloirs « sans contact », équipés d’hygiaphone, un accès limité au téléphone et l’interdiction d’accès aux unités de vie familiale.
Des prisonniers évalués dangereux par décret
Ce traitement sera expérimenté dès le 31 juillet sur une centaine de détenus parmi « les plus dangereux », à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), une centaine d’autres suivront, mi-octobre dans celle de Condé-sur-Sarthe (Orne). Ces deux prisons, toutes les deux récentes, sont déjà les deux établissements les plus sécurisés de France.
Mais le ministre a souligné qu’il fallait « rendre tout à fait hermétiques les deux établissements, renforcer les moyens, y mettre un certain nombre de personnels supplémentaires ». « On fera pendant deux mois des formations pour les agents, une sécurité totale et les travaux, notamment pour empêcher toute communication vers l’extérieur. Le tout pour un coût avoisinant les 4 à 5 millions par établissement. Et à partir du mois de mai-juin, les nouveaux détenus rentreront », a précisé le ministre.
Des gardiens qui se surveillent mutuellement
Quant aux gardiens, ceux ayant des « failles personnelles » comme le surendettement seront écartés car trop facilement corruptible selon le ministre, qui souhaite voir affecter « deux ou trois gardiens pour un détenu afin qu’il y ait un contrôle qui s’applique et qu’on ne puisse pas menacer ou corrompre les gardiens ». Enfin, Gérald Darmanin a annoncé que, pour les protéger, il acceptait d’« anonymiser », les personnels pénitentiaires dans les procès-verbaux.
« Nous aurons deux établissements de haute sécurité cette année », « ça fait 200 narcotrafiquants qui, d’ici le 15 octobre, seront totalement à l’isolement du reste de la société », s’est réjoui le ministre à la télévision. Une manière pour Gérald Darmanin d’illustrer la « fermeté de l’État » après l’évasion sanglante de Mohamed Amra.
Mercredi, le ministre avait reçu les organisations syndicales pénitentiaires et de magistrats à la Chancellerie sauf le Syndicat de la magistrature qui avait décliné l’invitation reçue la veille, déplorant dans une lettre ouverte l’absence de « consultation préalable des organisations représentatives » pour son plan « narcoprison ». Face aux critiques, Gérald Darmanin a saisi le Conseil d’État, qui doit se réunir la semaine prochaine.
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