Mohamed Amra dit « La Mouche » est arrêté après neuf mois de traque : tout comprendre en 4 questions

La chasse à l’homme s’est achevée en Roumanie. Arrêté après neuf mois de traque, le détenu Mohamed Amra, a accepté, dimanche 23 février, sa remise aux autorités françaises. Le fugitif comptait « quitter le pays pour la Colombie », a indiqué le ministre de l’Intérieur roumain, Catalin Predoiu, dimanche soir sur la chaîne de télévision France 2, affirmant que le concerné avait pour projet de « faire des opérations (de chirurgie) esthétiques » en Roumanie.

L’Humanité revient en quatre questions sur cette affaire qui a commencé, le 14 mai 2024, avec l’évasion au péage d’Incarville (Eure) de celui qui est surnommé « La Mouche ». Une évasion qui a coûté la vie à deux surveillants pénitentiaires.

Comment Mohamed Amra s’était-il évadé ?

Le 14 mai 2024, le détenu multirécidiviste Mohamed Amra, surnommé « La Mouche », a été extrait de
sa cellule pour être amené à un juge d’instruction qui devait l’interroger. Un commando en a profité pour attaquer, à la voiture-bélier et aux fusils d’assaut le fourgon pénitentiaire pour le libérer. Dans l’attaque, qui a eu lieu au péage d’Incarville (Eure), deux agents pénitentiaires ont été tués et trois ont été blessés.

La France découvrait alors l’existence de Mohamed Amra, condamné pour la première fois à l’âge de 13 ans pour vols aggravés et qui a progressivement « dérivé vers la violence », d’après un rapport de l’Inspection générale de la justice (IGJ) rendu en juillet 2024, pour rejoindre la grande criminalité organisée.

Qui sont les autres personnes arrêtées ?

Dans la foulée de son interpellation, dix personnes de son entourage ont été arrêtées « samedi puis dans la nuit », a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau. Elles « sont suspectées d’avoir participé à la préparation, à l’exécution de l’évasion mais également d’avoir favorisé la dissimulation du fugitif ».

La magistrate n’a pas précisé le lieu des arrestations. Selon une source policière, il y a notamment eu « des interpellations » samedi 22 et dimanche 23 à Rouen et Évreux. « Des armes ont été trouvées lors des perquisitions », a précisé cette source.

Comment s’est déroulée son interpellation ?

Son arrestation, saluée par le gouvernement français, a été permise grâce à « la transversalité des services, et la convergence des spécialités des enquêteurs, comme des magistrats » qui « ont été les leviers de la conduite des opérations » lors de ces investigations instruites à Paris, à la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a souligné Laure Beccuau.

Les policiers roumains, mis en alerte par les enquêteurs français du départ à l’étranger de Mohamed Amra,
l’ont « repéré » et arrêté « vers 15 h 00 près d’un centre commercial » samedi 22 février à Bucarest. Ils l’ont ensuite remis à la police roumaine chargée de la criminalité organisée. « En dépit du changement de coloration de ses cheveux, l’identification de l’intéressé est confirmée par une reconnaissance faciale et la comparaison d’empreintes digitales », a confirmé la procureure.

Les familles des deux agents tués, Arnaud Garcia et Fabrice Moello, ont réagi, samedi 22 février, auprès de l’Agence France-Presse par la voix de leurs avocats, évoquant toutes deux un « soulagement ».

Quelles suites ?

Le détenu a été présenté, dimanche 23 février, au tribunal de Bucarest. Il « ne reconnaît pas les faits commis mais souhaite respecter la décision des autorités françaises qui veulent le juger », a déclaré son avocate Maria Marcu à la sortie de l’audience. Dans le cadre de mandats européens, la procédure pénale de chaque pays s’applique. Le suspect est présenté à un juge local et a la possibilité de faire un recours. Dans ce cas, Mohamed Amra a accepté sa remise.

Le garde des Sceaux français, Gérald Darmanin, n’a pas manqué d’instrumentaliser l’évènement en publiant dimanche sur son compte X une lettre adressée aux agents pénitentiaires, leur promettant des améliorations dans leurs conditions de travail, notamment par la mise en place d’une prison « de haute sécurité » et d’une « police pénitentiaire ». Cette prison destinée à mettre à l’isolement total les « 100 plus gros narcotrafiquants » doit voir le jour d’ici au 31 juillet.

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