Prison haute sécurité, « police pénitentiaire », IGPN des prisons… ce qu’il faut retenir des annonces de Gérald Darmanin
Devant l’École nationale de la pénitentiaire, à Agen (47), Gérald Darmanin a développé jeudi 23 janvier une série de mesures pour réformer le système carcéral. Le nouveau garde des Sceaux a commencé par annoncer le dispositif lié à l’ouverture d’une prison « de haute sécurité » dédiée aux 100 plus gros narcotrafiquants de France.
Mis en service le 31 juillet prochain, cet établissement serait rejoint dans les deux ans par deux autres prisons de ce type, pour détenir « plus de 600 » narcotrafiquants « particulièrement dangereux ». « Je suis encore en train de visiter des établissements, il y en a trois-quatre en France qui sont capables d’accueillir » ces détenus, quel que soit leur statut, « avec évidemment beaucoup de travaux et un changement très profond du fonctionnement de la prison », a déclaré Gérald Darmanin.
Une certaine vision de la sécurité
« Quatre millions d’euros » ont été débloqués pour la mise en place de cet établissement rénové, dont les pensionnaires seront « mis à l’isolement total » dans un lieu « inviolable », où il sera « absolument impossible de se faire livrer téléphone ou drogue », a promis le ministre de la Justice. Ces annonces viennent donc confirmer des premières déclarations tenues mi-janvier.
Gérald Darmanin a fait du narcotrafic sa cible principale depuis son investiture à place Vendôme, le 23 décembre dernier. Ce cheval de bataille lui permet d’exister médiatiquement, de montrer, ou de faire croire, qu’il agit et qu’il se préoccupe de la sécurité et du bien-être des Français. Pourtant, rien dans ces annonces sur la surpopulation carcérale. Pour rappel, au 1er décembre 2024, 80 792 personnes étaient détenues en France, pour 62 404 places, selon des chiffres mis en ligne par le ministère de la justice, mardi 31 décembre. Un nouveau record qui devrait être encore battu dans les prochains mois, au vu du projet politique de Gérald Darmanin, prompt à afficher sa fermeté sur la question.
Le garde des Sceaux a également annoncé vouloir créer « une police pénitentiaire en 2026 ». Elle aura pour but de les aider à effectuer « des missions de sécurité et de contrôle » dans les prisons. Ces nouveaux agents pourraient par exemple fouiller les cellules à la recherche de téléphone portable. Le ministre de la Justice souhaite encore créer une inspection générale de l’administration pénitentiaire « pour lutter contre la corruption » sur le modèle de l’inspection générale de la police nationale (IGPN). De nombreux spécialistes, juristes, journalistes et associations dénoncent depuis de nombreuses années l’inefficacité de l’IGPN, sorte de « grande machine à blanchir les agents ».
Gérald Darmanin veut une « profonde réforme » de la réinsertion des prisonniers et de leur probation en cas de liberté conditionnelle, comptant ainsi sur le « doublement des places en semi-liberté » qui permet notamment à des détenus de travailler à l’extérieur puis de dormir le soir en prison d’ici 2027. Enfin, le garde des Sceaux annonce la création d’une mission pour pouvoir expulser les étrangers définitivement condamnés. Ces annonces, ressemblant à s’y méprendre à certaines des propositions défendues par le Rassemblement National, s’inscrivent dans une conception toujours sécuritaire, répressive et raciste du système carcéral, judiciaire et policier.
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