39° degrés. C’est la température attendue localement du Val-de-Loire à l’Occitanie lors du solstice d’été. Un vague de chaleur précoce commence ce vendredi. Les températures maximales dépasseront largement les 35° degrés dans une bonne partie de l’ouest de la France et avoisineront les 40 °C dans le Sud-Ouest, notamment à Bordeaux.
Pour rappel, Météo France définit la canicule comme « un épisode de températures élevées de jour comme de nuit sur une période prolongée d’au moins trois jours, susceptible de constituer un risque sanitaire pour les personnes fragiles ». « C’est l’anticyclone qui plane actuellement au-dessus de l’Europe de l’Ouest, ajouté une petite dépression apportant un vent venu du Sud chargé d’un surplus de chaleur, qui explique les températures attendues ce samedi », précise Fabio D’Andrea, directeur de recherche au CNRS et directeur du département géoscience à l’École Normale Supérieure.
Des chaleurs extrêmes devenues la norme
Si elles sont remarquables pour un mois de juin, les chaleurs annoncées pour ce week-end sont loin d’être inédites. En juin 2019, le mercure avait dépassé 38 °C, atteignant parfois jusqu’à 40 °C dans les Pays de la Loire. Même chose en 2022 où la température avait également dépassé les 40 °C sur l’ensemble de la façade ouest du pays.
« Le réchauffement climatique augmente la fréquence, la durée et l’intensité des canicules. Sans être plus nombreux, les anticyclones sont, cependant, à chaque fois, plus chauds tandis que le phénomène de dépression augmente. De tous les phénomènes climatiques extrêmes, les canicules sont, de loin, les plus meurtriers », rappelle le météorologue. « Les dégâts humains dépendent de notre capacité à nous adapter. Contrairement à la canicule de 2003, les services de santé semblent être davantage préparés aujourd’hui. Pour autant, l’adaptation est aussi une affaire d’échéance à plus long terme, notamment en termes de rénovation du bâti ou de changements des habitudes de travail. »
L’épisode caniculaire qui frappe aujourd’hui l’hexagone s’inscrit dans la continuité des températures exceptionnelles observées au printemps 2025. Le territoire a connu plusieurs épisodes anormalement chauds au cours de la saison. Mars, avril, mai ont tous les trois été plus chauds que la normale. L’anomalie atteint + 1,1 °C pour l’ensemble du printemps 2025, le classant au 3e rang des printemps les plus chauds jamais observés, ex æquo avec les printemps 2022 et 2007, derrière 2011 (+ 1,5 °C) et 2020 (+ 1,3 °C).
Un aveu d’impuissance des pouvoirs publics
Quant aux prévisions pour cet été, si Météo France rappelle qu’il est « encore trop tôt pour anticiper les conditions météorologiques », l’institut admet qu’il sera probablement 50 % plus chaud que les normales de saison. En 2022, 2023 et 2024, la saison estivale s’est, à chaque fois, classée parmi les dix étés les plus chauds jamais enregistrés en France depuis 1900. Nul doute que l’été 2025 devrait encore battre de nouveaux records de chaleur. Tandis que le réchauffement climatique intensifie la fréquence des évènements météorologiques extrêmes, le gouvernement a récemment déclaré « se mobiliser pour protéger la population et préparer les territoires ».
En 2023, l’État a lancé un Plan national d’anticipation des vagues de chaleur, doublé par un Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) qui contient 52 mesures pour préparer « une France à + 4 °C en 2100 ». Un dispositif qui sonne comme un aveu d’impuissance à limiter la hausse des températures. En 2015, l’État s’était engagé, lors l’Accord de Paris, à contenir le réchauffement en dessous de + 2 °C d’ici 2100. Un engagement qui apparaît aujourd’hui bien lointain.
Un consortium international de soixante chercheurs, impliquant notamment des scientifiques de Météo-France et du CNRS, vient d’annoncer, dans une étude publiée ce jeudi 19 juin, que limiter le réchauffement planétaire sous 1,5 °C n’est désormais plus atteignable. L’atténuation est, pourtant, le seul moyen à terme de survivre. « Au-delà d’un certain seuil de réchauffement, l’adaptation est tout simplement impossible », alerte Fabio D’Andrea.
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