Venezuela : arrestation d'une figure de l'opposition à l'avant-veille des élections
Juan Pablo Guanipa, un important dirigeant de l'opposition vénézuélienne proche de la leader Maria Corina Machado, a été arrêté vendredi, accusé de conspiration contre les élections législatives et régionales de dimanche, boycottées par l'opposition.
Le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello accuse Guanipa, ancien député âgé de 60 ans, d'être «l'un des chefs d'(un) réseau terroriste». L'opposant sera poursuivi pour «terrorisme, blanchiment d'argent, incitation à la haine et à la violence», a-t-il indiqué.
Le ministre a diffusé à la télévision publique des images du dirigeant, menotté et vêtu d'un gilet pare-balles, faisant face à des policiers masqués et vêtus de noir.
«Quatre téléphones ont été saisis, ainsi qu'un ordinateur portable. Tout le plan s'y trouve (...) Maintenant il va rendre des comptes devant la justice», a affirmé Cabello.
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Guanipa vivait, comme Maria Corina Machado, dans la clandestinité depuis la présidentielle de juillet 2024 à laquelle l'opposition revendique la victoire, criant à la fraude. Le Conseil national électoral, accusé d'être aux ordres du pouvoir, a décrété le président Nicolas Maduro vainqueur du scrutin sans donner le détail des votes, assurant avoir été victime d'un piratage informatique jugé peu crédible par de nombreux experts.
Pour cette raison, Maria Corina Machado a appelé au boycott du scrutin de dimanche, promettant «des bureaux de vote vides». Une frange de l'opposition va participer, estimant qu'il faut voter malgré les «fraudes du pouvoir».
«Emprisonné mais jamais vaincu»
Peu de temps après son arrestation, un message est apparu sur les réseaux sociaux de l'opposant : «Si vous lisez ceci, c'est parce que j'ai été enlevé par les forces du régime de Nicolas Maduro. Je n'ai pas de certitude sur ce qui m'arrivera dans les prochaines heures, jours et semaines. Mais ce dont je suis sûr, c'est que nous gagnerons la longue lutte contre la dictature», dit-il.
«Aujourd'hui, je suis injustement emprisonné, mais jamais vaincu. Il ne leur reste que la peur. Ils se cachent derrière la brutalité et la cruauté pour se maintenir au pouvoir», conclut-il dans son message faisant référence au pouvoir en place.
Maria Corina Machado a réagi sur les réseaux sociaux : «C'est du TERRORISME D'ÉTAT pur et dur. Guanipa est un homme COURAGEUX et INTÈGRE. Il est mon compagnon et mon frère».
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a exprimé sa «préoccupation» après cette arrestation «injustifiée et arbitraire». Il a dénoncé une nouvelle vague de répression dans le pays avant les élections de dimanche.
La dernière apparition publique de Guanipa - et de Mme Machado - remonte au 9 janvier et à une manifestation de l'opposition contre l'investiture de Maduro le 10 janvier.
70 personnes arrêtées au total
Cabello a également annoncé l'arrestation de 70 personnes dans le cadre de cette tentative présumée de «saboter» les élections. Il a notamment cité 11 autres personnes, mentionnant un Équatorien, un Argentin, un Serbe, un Allemand et «quelques» Pakistanais.
Il a accusé les détenus de vouloir placer des explosifs dans des hôpitaux, des stations de métro, des commissariats de police et des infrastructures électriques, assurant que les autorités avaient saisi des explosifs, des armes, des détonateurs et de l'argent liquide.
En soirée, le parquet a diffusé un communiqué qualifiant Guanipa de «dangereux conspirateur qui fait partie d'une organisation criminelle qui a cherché à saboter» la présidentielle du 28 juillet. «Guanipa, qui entretient des liens avec des structures de trafic de drogue, est lié à un nouveau plan d'actions criminelles pour éviter la tenue pacifique des élections de dimanche», selon le texte du procureur général Tarek William Saab.
Le gouvernement vénézuélien dénonce presque quotidiennement des plans de déstabilisation et des complots. Lundi, Cabello avait annoncé la suspension des vols avec la Colombie au moins jusqu'au 26 mai, indiquant alors que des «mercenaires» cherchaient à s'infiltrer dans le pays. Les frontières terrestres font également l'objet d'une surveillance spéciale.
Environ 400.000 membres des forces de l'ordre seront déployés pour sécuriser les élections.