Venezuela : ouverture d’une enquête pour «trahison» sur la chef de l'opposition Maria Corina Machado

Le parquet du Venezuela a annoncé vendredi 22 novembre l'ouverture d'une enquête pour «trahison» à l'encontre de la chef de l'opposition Maria Corina Machado, l'accusant de soutenir les sanctions américaines destinées à évincer le président Nicolas Maduro après sa réélection contestée. «Le ministère public a décidé d'ouvrir une enquête» sur Maria Corina Machado «pour l'inculper en raison de son soutien» présumé au projet de loi aux États-Unis durcissant les sanctions, a-t-il annoncé dans un communiqué.

«Les déclarations» de Maria Corina Machado sur le projet de loi «constituent (...) une trahison à la patrie» et «une conspiration avec des pays étrangers», précise le texte. La Chambre des représentants des États-Unis a adopté lundi le projet de loi Bolivar, qui doit encore recevoir le feu vert du Sénat et la signature du président pour entrer en vigueur. Le texte interdit aux États-Unis de signer des contrats avec des personnes faisant des affaires «avec le gouvernement illégitime de Nicolas Maduro» ou tout autre «non reconnu comme légitime par les États-Unis».

Caracas a qualifié ce texte d'«attaque criminelle», estimant que la loi violait la Charte des Nations unies, et s'ajoute à plus de «930 mesures coercitives unilatérales et extraterritoriales» imposées à Caracas, qui qualifie ainsi les sanctions américaines. Lors de son premier mandat (2017-2021), le président élu Donald Trump avait imposé une politique de pression maximale contre Nicolas Maduro, durcissant les sanctions financières et instaurant un embargo pétrolier.

Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur de la présidentielle de juillet par le Conseil national électoral – considéré aux ordres du pouvoir - qui n'a toutefois pas publié le décompte exact des bureaux de vote, invoquant d'un piratage informatique, jugé peu crédible par de nombreux observateurs. L'opposition, qui crie à la fraude, a produit des procès-verbaux de plus de 80% des bureaux de vote et assure que son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia l'a emporté avec plus de 67% des suffrages. Ces procès-verbaux ont été taxés de «faux» par le pouvoir.

Edmundo Gonzalez Urrutia, qui s'était présenté au pied levé pour remplacer Maria Corina Machado déclarée inéligible, a trouvé refuge en Espagne en septembre alors que Maria Corina Machado qui intervient régulièrement sur les réseaux sociaux ou dans les médias vit dans la clandestinité au Venezuela depuis le scrutin. Les États-Unis n'ont pas reconnu la victoire de Nicolas Maduro, mais ont reconnu cette semaine Edmundo Gonzalez Urrutia comme le président élu.