Crise politique au Venezuela : la cheffe de l'opposition arrêtée après une manifestation anti-Maduro

La cheffe de l'opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, a été arrêtée jeudi 9 janvier après la manifestation contre l'investiture du président Nicolas Maduro à Caracas. C'était sa première apparition publique depuis fin août. Une source au sein de l'opposition a affirmé à l'AFP que la dirigeante avait été arrêtée en quittant la manifestation. L'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire à la présidentielle, a réclamé depuis Saint-Domingue la "libération immédiate" de Maria Corina Machado. 

L'équipe de l'opposante a annoncé sur X qu'elle a été "violemment interceptée à sa sortie de la manifestation" en moto. Selon ce message, des coups de feu ont été tirés sur le cortège de motos qui l'accompagnaient. Elle avait envisagé une éventuelle arrestation, confiant lundi à l'AFP: "Si quelque chose m'arrive, la consigne est très claire (...), personne ne négociera la liberté du Venezuela contre ma liberté". Elle avait aussi assuré ne vouloir "manquer pour rien au monde (le) jour historique" de la manifestation.

Une élection présidentielle contestée

Lors des dernières grandes manifestations en août, Maria Corina Machado, 57 ans, apparaissait subitement à un coin de rue pour monter sur un camion-podium, haranguait la foule puis disparaissait rapidement en moto pour échapper à une arrestation. Jeudi, elle était une nouvelle fois arrivée en camion vêtue de blanc et brandissant un drapeau vénézuélien et avait prononcé un court discours dans lequel elle avait lancé : "Tout le Venezuela est dans la rue, nous n'avons pas peur ! A partir d'aujourd'hui, nous entrons dans une nouvelle phase. Le Venezuela est libre, nous allons continuer !"

L'opposition revendique la victoire d'Edmundo Gonzalez Urrutia à la présidentielle. Elle assure que les procès-verbaux des bureaux de vote qu'elle a recueillis prouvent que l'ancien diplomate a remporté le scrutin haut la main, avec plus de 67% des voix, face au président sortant Nicolas Maduro, à la tête du pays depuis 2013.

Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé le président sortant vainqueur du scrutin avec 52% des voix, mais sans publier les procès-verbaux, se disant victime d'un piratage informatique. Une hypothèse jugée peu crédible par de nombreux observateurs. L'annonce du CNE avait provoqué des manifestations dans tout le pays, durement réprimées. Les troubles post-électoraux se sont soldés par 28 morts, plus de 200 blessés, et 2.400 personnes arrêtées pour "terrorisme".