Avec son attaque drones sur Moscou, l’Ukraine tente le rapport de force avant sa nouvelle rencontre avec les États-Unis
À seulement quelques heures de pourparlers primordiaux avec les États-Unis, prévus mardi 11 mars à Djedda (Arabie saoudite), l’Ukraine envoie un signal à ses interlocuteurs comme à la Russie. Rapport de force oblige, et alors que le président des États-Unis Donald Trump ne cesse d’user de sa position, une centaine de drones ukrainiens a visé plusieurs localités situées en Russie, dont Moscou, dans la nuit du lundi 10 mars.
La capitale russe, située à plusieurs centaines de kilomètres du front, n’avait été, jusqu’ici, que très exceptionnellement frappée directement. Le ministère russe de la Défense a annoncé avoir « détruit 337 drones aériens ukrainiens, dont 91 au-dessus de la région de Moscou et 126 au-dessus de la région de Koursk », frontalière de l’Ukraine. L’attaque a également visé les régions de Briansk et de Belgorod, également frontalières de l’Ukraine, ainsi que celles de Riazan, de Kalouga, de Voronej et de Nijni Novgorod. Le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov, a fait état d’un mort et de trois blessés dans l’attaque.
Une « trêve dans les airs » et « en mer »
En parallèle, l’Ukraine compte exposer, lors de négociations prévues à Djedda, un plan pour un cessez-le-feu partiel avec la Russie, aux États-Unis. Kiev prévoit ainsi de proposer une « trêve dans les airs » et « en mer » avec Moscou, a confirmé un haut responsable ukrainien, sous couvert d’anonymat, lundi 11 mars. « Ce sont les options de cessez-le-feu qui sont faciles à mettre en place et à surveiller », résume-t-il.
Soit un rappel de l’ébauche de plan abordée par le président français, Emmanuel Macron, dans un entretien accordé au Figaro suite au sommet d’urgence organisé à Londres, dimanche 2 mars. Une annonce qui avait fait l’objet d’une incompréhension avec le gouvernement britannique, associé à l’idée sans avoir donné sa confirmation.
Cette rencontre symbolise surtout la reprise du dialogue entre l’Ukraine et les États-Unis, depuis que Volodymyr Zelensky a été humilié publiquement par son homologue et par son vice-président J.D. Vance, à la Maison Blanche, fin février. Un déplacement qui avait donné lieu à une multiplication des attaques de Washington envers Kiev, entre la suspension de l’aide militaire et du partage de renseignements.
Donald Trump continue ainsi de souffler le chaud et le froid sur ce conflit. Un jour, le président républicain accuse Volodymyr Zelensky d’être un « dictateur » ou de n’être pas assez reconnaissant envers Washington ; un autre, il affirme que son homologue ukrainien est prêt à négocier, et menace Moscou de nouvelles sanctions. Ce dernier a ainsi agité le spectre de nouvelles sanctions bancaires supplémentaires et de nouveaux droits de douane contre la Russie, « jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu et un accord définitif sur la paix soient conclus », sur son réseau Truth Social, vendredi 7 mars.
Le président ukrainien doit, de son côté, laisser trois de ses hauts responsables le soin de participer aux pourparlers avec les États-Unis, tandis qu’il a multiplié les rencontres avec les dirigeants saoudiens, lundi 10 mars. Le secrétaire d’État états-unien, Marco Rubio, également arrivé lundi dans la ville saoudienne, a quant à lui annoncé avoir bon espoir que la suspension de l’aide militaire à Kiev soit résolue.
Il a aussi jugé prometteuse l’idée d’un cessez-le-feu partiel, même s’il se refuse à promettre que « cela sera suffisant », a-t-il lancé à des journalistes peu avant son arrivée à Jedda. Plus qu’une véritable étape vers un arrêt des combats, cette rencontre est déterminante sur la suite des relations entre l’Ukraine et les États-Unis. Même si, comme le martèle Donald Trump, ces derniers ne comptent pas laisser « le choix » à Kiev.
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