Trêve partielle d’un mois, dissuasion nucléaire… Après les annonces du sommet à Londres, le Parlement français en quête d’une position sur l’Ukraine

L’Union européenne (UE) et l’Otan tentent de resserrer les rangs autour de l’Ukraine. Lâchés par l’administration Trump, les Européens et leurs alliés ont mis en scène, dimanche 2 février, lors d’un sommet organisé à Londres, leur engagement envers Kiev. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, une quinzaine de dirigeants européens ainsi que de la Turquie, le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, et le premier ministre canadien, Justin Trudeau, se sont ainsi réunis.

« Le monde libre a besoin d’un nouveau leader, a ainsi lancé la responsable de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. C’est à nous, Européens, de relever ce défi. » Cette dernière symbolise ce basculement politique (forcé) des Vingt-Sept, alors que la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères considérait les États-Unis présidés par Donald Trump comme un « grand allié » jusqu’au dernier moment.

Une trêve partielle d’un mois en Ukraine

Outre les annonces de ces dernières semaines, dont les contours ont été confirmés – une possible européanisation de la dissuasion nucléaire française, un réarmement de l’UE, l’envoi de troupes pour maintenir la paix sur le front ukrainien, une aide financière et matérielle envers Kiev -, Paris et Londres ont émis l’idée d’une trêve partielle d’un mois en Ukraine.

Si ce projet venait à voir le jour, la trêve serait instaurée « dans les airs » et « sur les mers ». Elle concernerait aussi les frappes sur « les infrastructures énergétiques », a résumé, dans la soirée du dimanche 2 février, Emmanuel Macron dans les colonnes du Figaro. Le président de la République française n’avait, jusqu’ici, pas pris la parole publiquement à Londres.

Une première étape avant un éventuel cessez-le-feu sur l’immense ligne de front, préalable indispensable à toute éventualité de déploiement de forces européennes, auquel la France et la Grande-Bretagne sont prêtes à participer, dans le cadre d’un accord de paix et sous une protection états-unienne, précise-t-il. Le chef de l’État confirme donc, au passage, sa volonté « d’approfondir le dialogue » avec d’autres pays sur la dissuasion nucléaire française, pour le « développement d’une véritable culture stratégique entre Européens » même s’il entend conserver « la décision totalement souveraine » d’utiliser l’arme atomique.

Par ailleurs, il estime que l’Union européenne doit mobiliser « 200 milliards d’euros dans un premier temps » pour financer l’effort militaire, et que ses 27 membres doivent porter leur effort de défense autour de 3 % à 3,5 % de leur produit intérieur brut (PIB) contre 2 % aujourd’hui. Une montée en puissance qui sera à l’ordre du jour d’un sommet extraordinaire, jeudi 6 février à Bruxelles.

En ce qui concerne les opérations terrestres, qui pourraient donc se poursuivre, la France et le Royaume-Uni espèrent ainsi pouvoir mieux mesurer l’étendue des combats, alors que le front est immense, « l’équivalent de la ligne Paris-Budapest », a précisé le chef d’État.

Deux débats sans vote sur « la situation en Ukraine et la sécurité en Europe »

Son homologue britannique, Keir Starmer, a, quant à lui, affirmé qu’« un certain nombre de pays » avaient dit vouloir rejoindre « une coalition des bonnes volontés » pour défendre un futur accord de paix. Le premier ministre du Royaume-Uni a par ailleurs annoncé un nouvel accord qui permettra à Kiev d’acheter 5 000 missiles de défense aérienne, pour un montant de 1,6 milliard de livres sterling (1,94 milliard d’euros). Une annonce qui fait suite à un premier prêt de 2,26 milliards de livres (près de 2,74 milliards d’euros), annoncé samedi 1er mars.

En France, deux débats sans vote sur « la situation en Ukraine et la sécurité en Europe » sont organisés, d’abord lundi 3 mars, à l’Assemblée nationale puis mardi 4 mars au Sénat. Annoncés mi-février, ces débats prennent une nouvelle dimension après l’altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, vendredi 28 février, à la Maison Blanche. La séance lundi à l’Assemblée, qui doit commencer vers 17 heures, sera introduite par le premier ministre François Bayrou.

Chaque groupe parlementaire pourra ensuite s’exprimer. Dans l’intervalle, les débats à l’Assemblée nationale et au Sénat doivent permettre à l’exécutif de clarifier sa posture. « C’est un acte de responsabilité politique », a estimé le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, dimanche 2 février au micro de Radio J. Pour autant les discussions ne seront pas tranchées par un vote, car « ce serait difficile de fixer une position unique et définitive », a-t-il justifié.

Au contraire, les désaccords ne manqueront pas de s’exprimer. Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, a appelé à ne « pas laisser Trump et Poutine discuter ensemble » et « sceller un accord sur le dos des Européens », dimanche 2 février sur le plateau d’Ici (ex-France 3). La France insoumise devrait de son côté se saisir de l’occasion pour dénoncer la « servilité atlantiste » des dirigeants européens qui se retrouvent désormais « coupables d’une capitulation sans condition (et) sans issue », comme l’a résumé Jean-Luc Mélenchon sur son compte X.

L’ex-premier ministre et chef du groupe parlementaire Renaissance, Gabriel Attal, estime de son côté que « les États-Unis ont perdu le droit de se revendiquer comme les leaders du monde libre ». Même son de cloche pour l’ex-président socialiste, François Hollande, qui a expliqué que « Donald Trump n’est plus un allié », dans un entretien au Monde publié vendredi 28 février. Des positions inverses à celle de Marine Le Pen – dont le parti, le Rassemblement national (RN) observe avec un grand intérêt la stratégie impérialiste et fasciste de Donald Trump -, qui considère que « les États-Unis (sont) évidemment un allié de la France ».

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