Guerre en Ukraine : le Royaume-Uni prêt à envoyer des troupes, les Européens cherchent la parade aux annonces de Trump depuis l’Élysée
Si un doute (ou de la naïveté) persistait chez plusieurs représentants politiques européens, le discours du vice-président J.D. Vance, prononcé vendredi 14 février lors de la conférence de Munich, a levé le peu de doutes qui persistaient. Son supérieur, Donald Trump, avait déjà posé une première pierre en ayant discuté avec son homologue russe, Vladimir Poutine, sans chefs d’État européen ni même le second concerné, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Face à ce rapprochement, une réunion de dirigeants européens est organisée en urgence, lundi 17 février, à l’Élysée (Paris). L’objectif : faire face à l’« accélération » de l’administration états-unienne sur le dossier ukrainien, et définir une réponse commune pour renforcer la sécurité de l’Europe.
Emmanuel Macron a ainsi convié les chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan).
« Nous n’envisageons pas d’envoyer des soldats polonais »
L’objectif sera d’établir des « garanties de sécurité qui peuvent être données » à l’Ukraine, selon un conseiller d’Emmanuel Macron. Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a quant à lui annoncé que des discussions étaient en cours à propos du déploiement de troupes, par exemple françaises ou britanniques.
De fait, quelques heures avant la tenue de la réunion, le premier ministre britannique, Keir Starmer, a déclaré – dans le quotidien Daily Telegraph – que le Royaume-Uni est « prêt et disposé à contribuer aux garanties de sécurité pour l’Ukraine en envoyant ses propres troupes sur le terrain si nécessaire ». Le dirigeant britannique a aussi annoncé qu’il rencontrerait Donald Trump « au cours des prochains jours ».
« Je ne dis pas cela à la légère », a-t-il ajouté, alors qu’il assume prendre « la responsabilité qu’implique le fait de mettre potentiellement en danger » les hommes et femmes de l’armée britannique. Le gouvernement hongrois a de son côté critiqué, lundi 17 février, des leaders européens qu’il juge « frustrés » et « pro-guerre ».
L’hypothétique envoi de troupes au sol a cependant été rejeté par la présidence polonaise. « La Pologne soutiendra l’Ukraine comme elle l’a fait jusqu’à présent : sur le plan organisationnel, en fonction de nos possibilités financières, humanitaires et militaires, a ainsi déclaré le premier ministre polonais, Donald Tusk, lundi 17 février. Nous n’envisageons pas d’envoyer des soldats polonais sur le territoire de l’Ukraine. »
Le ministre des Affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, a notamment déclaré, en marge d’une conférence de presse au Kazakhstan, retransmise sur son compte Facebook : « Aujourd’hui à Paris, des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump se réunissent pour empêcher un accord de paix en Ukraine. » La Slovénie a regretté que les autres pays membres de l’Union européenne (UE) n’aient pas été invités. « Sur un plan symbolique, les organisateurs du sommet de Paris montrent au monde que, même au sein de l’UE, tous les États ne sont pas traités sur un pied d’égalité », a fustigé la présidente slovène Natasa Pirc Musar, dans un communiqué.
En parallèle, des pourparlers entre hauts responsables russes et états-uniens sont prévus à Riyad (Arabie saoudite), mardi 18 février. « L’Ukraine ne participera pas » à ces négociations et « ne savait rien » de leur tenue, a réagi Volodymyr Zelensky, en déplacement à Abou Dhabi (Émirats arabes unis).
« L’Ukraine considère une négociation sur l’Ukraine sans l’Ukraine comme étant dépourvue de résultat, a-t-il ainsi lancé. Nous ne reconnaîtrons pas de tels accords. » Le président ukrainien, qui doit rester aux Émirats arabes unis seulement ce lundi, avait annoncé son voyage à Riyad dès la semaine dernière, sans donner de dates précises. Vendredi 14 février, il avait déclaré qu’il n’avait pas le projet de rencontrer des responsables russes ni états-uniens.
Selon le Kremlin, cette rencontre vise au « rétablissement » des relations entre Moscou et Washington D.C. et concernera aussi « de possibles négociations sur l’Ukraine », ainsi que l’organisation d’un futur sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du dirigeant russe, doivent s’envoler pour Ryad lundi 17 février, a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
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