« Le sang a assez coulé » : après trois ans de guerre, les Ukrainiens aspirent à la paix
Kharkiv, Kiev, Krivyï Rih (Ukraine), envoyé spécial
Dans le brouillard, l’immense cheminée rouge et blanc qui apparaît dans la grisaille du Donbass indique l’arrivée à Kharkiv. Les tramways rouge et beige qui semblent dater de l’époque soviétique circulent avec son flot de gens. D’autres sortent du métro. Chacun profite d’un hiver avec des températures acceptables et une neige quasiment absente. « Nous sommes vivants », insiste à plusieurs reprises Igor Prigodko, bonnet noir sur la tête, alors qu’une énième alerte retentit. Directeur de l’école professionnelle de sport de Kharkiv, il nous accueille en plein milieu de la forêt, dans le nord de la ville, rue Frontova.
Une bonne partie de l’établissement est détruite. « Trois roquettes ont visé notre centre, qui forme de nombreux champions olympiques et paralympiques en natation synchronisée, tir à l’arc, gymnastique. Heureusement, lorsque le missile a détruit tout le deuxième étage, les étudiants étaient au rez-de-chaussée », témoigne-t-il devant le toit arraché. En 2022, l’armée russe est venue jusque dans cette partie de la ville.
La frontière se situe à environ 35 kilomètres. « On reconstruira après la guerre. Ce sera notre acte de résistance. Rien n’est impossible. Tous les jours, nous essuyons des bombardements. Il faut dire que les combats se rapprochent sans cesse et le front se trouve désormais à une trentaine de kilomètres. Mais on continue à vivre, à rire, à enseigner, à jouer », sourit Igor Prigodko.
« Doit-on sacrifier encore et encore notre avenir ? »
Sur l’immense place de la Liberté, l’une des plus vaste d’Europe, les étudiants pressent le pas pour se rendre à l’université et se protéger d’une forte pluie. Une statue de Vassili Karazine les accueille devant l’entrée du bâtiment à l’architecture soviétique. Kharkiv vient de célébrer les 220 ans de l’inauguration de l’université, le 29 janvier. Cours en ligne, classe dans des abris : après trois années de guerre, les jeunes Ukrainiens se sont adaptés afin de poursuivre leur cursus. Avec ces nombreuses facultés, la ville demeure un des principaux centres universitaires ukrainiens.