Guerre en Ukraine : une nouvelle phase de pourparlers entre Kiev et Washington en Arabie saoudite

Gel de l’aide militaire et du renseignement à Kiev, au terme d’une semaine de tensions entre les dirigeants ukrainien et états-unien, une nouvelle convergence semble s’opérer. Après une série d’uppercut, Donald Trump a laissé tomber les gants de boxe.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé jeudi soir que les discussions entre les deux administrations sur la fin de la guerre ont repris et qu’une « réunion significative » se tiendrait à partir de mardi prochain, en Arabie saoudite. Dans son allocution nocturne, le président ukrainien a confirmé son déplacement à Ryad dès lundi pour également rencontrer « les représentants militaires des pays qui sont prêts à faire plus d’efforts pour garantir de manière fiable la sécurité dans le cadre de la fin de cette guerre ».

Premières menaces de Trump à Moscou

Invité au sommet européen des 27 chefs d’États et de gouvernement à Bruxelles, Volodymyr Zelensky a affirmé que « L’Ukraine est très intéressée par la paix » et détaillé les « propositions pratiques » pour mettre fin à la guerre, en commençant par un cessez-le-feu dans le ciel et en mer. Dans la perspective d’un accord, le président a également ajouté que les Ukrainiens insisteraient lors de leur dialogue en Arabie saoudite « sur un certain nombre d’engagements de la part de la Russie afin de vérifier si une paix durable peut être atteinte. » Kiev réclame que Moscou s’engage notamment à ne pas attaquer les infrastructures énergétiques ou civiles, à faire une trêve pour les missiles, les bombes et les drones à longue portée, et à ne pas mener d’opérations militaires dans la mer Noire.

Un certain nombre d’observateurs doutent de la possibilité que la Russie accepte de telles demandes. Car elle mettrait à mal l’une des principales supériorités militaires russe : les airs. Elle l’utilise quotidiennement pour mener des bombardements massifs de roquettes et de drones comme l’illustre l’attaque dans la soirée de jeudi, contre les infrastructures énergétiques et gazières de l’Ukraine.

Le président américain, Donald Trump, a pour la première fois réagi et menacé la Russie de nouvelles sanctions. « Compte tenu du fait que la Russie « pilonne » actuellement l’Ukraine sur le champ de bataille, j’envisage fortement des sanctions bancaires, des sanctions et des droits de douane à grande échelle contre la Russie jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu et un accord définitif sur la paix soient conclus », a-t-il écrit, vendredi, sur son réseau Truth Social avant d’ajouter : « A la Russie et à l’Ukraine, rendez-vous à la table des négociations dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Je vous remercie ! ».

Pour Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe prévient sur X, « L’autre écueil possible est ce que Staline qualifiait, à une autre époque, de ‘vertige du succès’. Un Kremlin trop agressif militairement et trop gourmand politiquement ne provoquerait-il pas un changement d’attitude chez Trump et son administration ? ».

Un affrontement verbal entre l’Europe et la Russie

Avant cette rencontre, l’administration Trump n’a mis un terme à la suspension de l’assistance militaire. Washington entend maintenir sa pression sur Kiev pour qu’elle négocie selon ses conditions. Pourtant les États-Unis n’ont pas encore présenté de plan de paix spécifique à l’Ukraine. Steve Witkoff, l’envoyé spécial de l’administration Trump au Moyen-Orient, a juste confirmé que les négociations se dérouleraient en Arabie saoudite à Ryad ou à Jeddah, pour définir « un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial ».

Un dialogue rendu à nouveau possible selon Witkoff car Donald Trump a apprécié la lettre « d’excuse » rédigée par son homologue ukrainien et l’engagement de Zelensky « à signer un accord sur les minéraux pour créer un fonds contrôlé par les États-Unis qui recevrait les revenus des ressources naturelles de l’Ukraine ». Kiev a néanmoins rappelé que « la paix » ne doit pas se faire « au prix de l’abandon de l’Ukraine ».

Symboliquement, cette rencontre se déroulera trois semaines après celle entre des responsables russes et états-uniens, le 18 février à Ryad. La Russie s’est montrée ouverte à des pourparlers, bien qu’elle n’ait pas dit si elle accepterait un cessez-le-feu ou un accord pour mettre fin à la guerre. Engagé dans un duel verbal avec l’Europe et la France, le Kremlin s’est montré particulièrement virulent par les positions émises lors du sommet à Bruxelles. « Nous voyons que l’UE discute activement de militarisation, nous suivons ce processus de près car l’UE positionne la Russie comme ennemi principal », a affirmé le porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov, dénonçant une « rhétorique de confrontation » qui s’oppose à « la recherche d’un règlement » du conflit. Ce dernier a prévenu d’un ton menaçant : « Cela peut être potentiellement un sujet de notre profonde préoccupation et cela peut soulever la nécessité de prendre des mesures de représailles appropriées pour assurer notre sécurité ».

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