Feu vert au plan « Rearm Europe », passe d’armes Poutine-Macron, pression de Trump… ce qu’il faut retenir du sommet européen extraordinaire
« Rearm Europe », le nom du plan à 800 milliards présenté par Ursula von der Leyen auquel le Conseil européen a donné son feu vert, jeudi 6 mars, claque comme une menace. Celle d’une fuite en avant belliciste dans un monde où quelques dirigeants veulent imposer la loi du plus fort, de l’humiliation, de la prédation, à l’instar de Donald Trump. Le sommet qui réunit les chefs d’État et de gouvernement des 27 a ainsi souligné « la nécessité d’accroître substantiellement les dépenses en matière de défense », selon le texte d’une déclaration commune des pays de l’UE, à l’exception de la Hongrie du nationaliste Viktor Orban, ardent soutien du président états-unien.
Ce texte reprend à son compte les principaux points du plan dévoilé cette semaine par la présidente de la Commission européenne à laquelle les chefs d’État et de gouvernement ont demandé de les transcrire rapidement en propositions concrètes. Plusieurs pistes sont évoquées, dont la possibilité pour les États membres d’accroître sensiblement leurs dépenses militaires – une potentielle hausse évaluée à 650 milliards d’euros sur quatre ans par la Commission – sans que cela soit pris en compte dans le calcul de leur déficit, en principe limité à 3 % de leur produit intérieur brut (PIB). Ou encore celle de prêts pour un montant total de 150 milliards d’euros visant à financer des investissements en commun dans les domaines où les besoins sont les plus urgents comme la défense anti-aérienne, les missiles, les drones et les systèmes anti-drones ou encore les systèmes d’artillerie.
Un « impérialiste révisionniste de l’histoire »
« Nous allons de l’avant de façon décisive vers une Europe de la défense forte et plus souveraine », s’est félicité António Costa, président du Conseil européen quand nombre de pays européens tentent tout de même de continuer à satisfaire les États-Unis, alors que Donald Trump continue de mettre la pression après avoir exigé que les membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord augmentent leurs dépenses à 5 % de PIB. « S’ils ne paient pas, je ne vais pas les défendre » a-t-il déclaré jeudi face à des journalistes. « Mon plus gros problème avec l’Otan (…) c’est que si les États-Unis avaient un problème et qu’on appelait la France ou d’autres pays que je ne nommerais pas en disant “on a un problème”, vous pensez qu’ils viendraient nous aider, comme ils sont censés le faire ? Je n’en suis pas sûr », a ajouté le président états-unien.
Après l’humiliation qu’il a infligée à Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale la semaine dernière et l’arrêt du soutien financier à l’Ukraine, ses émissaires ont annoncé une rencontre avec une délégation ukrainienne la semaine prochaine, à Ryad ou à Jeddah, pour définir « un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial ». Ce rendez-vous avec Steve Witkoff est prévu mardi, a précisé un responsable ukrainien à l’AFP. L’envoyé états-unien a de son côté fait savoir que le locataire de la Maison Blanche avait estimé que la lettre rédigée par le chef de l’État ukrainien comportait « des excuses » et était « un premier pas très positif ».
La journée a également été marquée par une passe d’armes entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, qui a estimé mercredi, lors de son allocution télévisée, que la Russie représentait une « menace pour la France » et s’est dit prêt à débattre de l’ouverture aux voisins européens du parapluie nucléaire hexagonal. Il « existe encore des gens qui veulent retourner aux temps de Napoléon, en oubliant comment ça s’est terminé », a réagi le président russe. « Napoléon menait des conquêtes. La seule puissance impériale que je vois aujourd’hui en Europe s’appelle la Russie », a répliqué son homologue français, devant la presse à l’issue du sommet de Bruxelles, estimant avoir affaire à un « impérialiste révisionniste de l’histoire et de l’identité des peuples ».
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