Le plan Von der Layen : 800 milliards pour « réarmer l’Europe » et enrichir les marchands d’armes américains

« Rearm Europe » (« réarmer l’Europe »), le nom du plan présenté par la présidente de la Commission européenne a le mérite de la clarté. Le cap que va prendre l’UE européenne est celui de la militarisation et du surarmement.

Dans son allocution, Ursula von der Leyen a estimé mardi 4 mars ne pas avoir « besoin de décrire la gravité des menaces auxquelles nous sommes confrontés ni les conséquences dévastatrices que nous devrons endurer si ces menaces se concrétisent ». Selon elle, « la question n’est plus de savoir si la sécurité de l’Europe est réellement menacée ou si l’Europe doit assumer davantage de responsabilités pour sa propre sécurité. En vérité, nous connaissons depuis longtemps les réponses à ces questions. ».

Et bien évidemment sa réponse est un double oui. « À Londres la réponse des capitales européennes a été retentissante », explique-t-elle. « Clairement nous sommes dans une ère de réarmement et l’Europe est prête à augmenter massivement ses dépenses de défense à la fois pour répondre à l’urgence à court terme d’agir et pour soutenir l’Ukraine. Mais aussi pour répondre à la nécessité à long terme d’assumer davantage de responsabilités pour notre propre sécurité européenne ». Que le débat n’ait pas eu lieu dans les différents pays européens ne semble pas lui poser de problème.

Ce qui était impossible devient possible

Et subitement ce qui était impossible devient possible. La rigueur budgétaire s’assouplit : « Les États membres sont prêts à investir davantage dans leur propre sécurité s’ils disposent de la marge budgétaire nécessaire. Nous devons donc leur permettre de le faire. C’est pourquoi nous proposerons d’activer la clause d’échappement nationale du Pacte de stabilité et de croissance. Cela permettra aux États membres d’augmenter considérablement leurs dépenses de défense sans déclencher la procédure de déficit excessif ».

La présidente fixe également des objectifs budgétaires. « Si les États membres augmentaient leurs dépenses de défense de 1,5 % du PIB en moyenne, cela pourrait créer une marge budgétaire de près de 650 milliards d’euros sur une période de quatre ans. » Elle annonce également la création d’un « nouvel instrument », qui fournira « 50 milliards d’euros de prêts aux États membres » pour augmenter les « domaines de capacités paneuropéens, (…) la défense antiaérienne et antimissile, les systèmes d’artillerie, les missiles et les munitions, les drones et les systèmes anti-drones, mais aussi pour répondre à d’autres besoins, de la cybersécurité à la mobilité militaire ».

« Cela aidera les États membres à regrouper leurs demandes et à acheter ensemble, précise Ursula Von der Layen. (…) Avec cet équipement, les États membres peuvent massivement renforcer leur soutien à l’Ukraine en fournissant immédiatement de l’équipement militaire ».

800 milliards d’euros de dépenses de défense

Dernier point du projet Rearm europe. « Utiliser le budget de l’UE (…) pour orienter davantage de fonds vers la défense » en impliquant notamment la Banque européenne d’investissement. Au total le projet « pourrait mobiliser près de 800 milliards d’euros de dépenses de défense » tout en continuant « à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires de l’OTAN » assure enfin la présidente.

Reste pourtant une question clef qui n’est pas abordée : À qui acheter ? Où va partir cette manne financière ? Les États-Unis se frottent les mains car en décorrélant l’explosion des budgets de défense d’une stratégie industrielle, le plan « Ream Europe » rend toute éventuelle défense européenne dépendante des oligopoles d’outre-Atlantique.

Comme l’écrit, l’ancien eurodéputé Patrick Le Hyaric, « Le choc historique en cours produit d’inquiétantes métastases au sein même de l’UE, avec la complicité active de la présidente allemande de la Commission de Bruxelles, contre la France particulièrement, contre son industrie de défense et sa présence à la table du Conseil de sécurité de l’ONU. Derrière les discours autour des enjeux de “sécurité commune”, d'”armée européenne”, de “boussole stratégique”, de “défense commune”, se trame au sein du capitalisme européen une guerre sans merci contre les industriels français ».

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