« C’est terminé d’être une force d’appui » : comment la droite prépare l’après-Macronie

Depuis 2017, la droite historique a été grandement remplacée. Sur leurs thèmes comme sur leurs terres, « Les Républicains » (LR) ont vu pousser une plante bien invasive : la Macronie. Et certains n’ont toujours pas digéré. « Une arnaque pour gens bêtes à manger du foin », s’emporte Christian, 76 ans, militant fidèle du RPR, de l’UMP et de LR.

Lui aussi, pourtant, en a été. En 2022, c’est à Emmanuel Macron qu’il a donné sa voix. Et ce jeudi 10 avril, c’est l’un de ses ministres qu’il est venu acclamer à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Le très conservateur Bruno Retailleau, locataire de la Place Beauvau, en campagne pour remporter la présidence du parti face à Laurent Wauquiez (et l’Élysée en 2027). « C’est très bien ce qu’il fait, juge le retraité. En intégrant leur équipe tout en conservant sa liberté de parole, il montre que nous sommes la seule vraie droite. Il prépare le terrain de notre retour. »

« Des tentatives de passer au-dessus de la bien-pensance »

À droite, ce refrain est sur toutes les lèvres. Militants historiques, nouveaux venus, cadres… Tous se prennent à rêver d’une « résurrection » après la « traversée du désert » initiée par la débâcle François Fillon, morale comme électorale. Mais pas comme « faire-valoir » au sein du « socle commun », précise un sénateur de droite : « C’est bientôt terminé d’être une force d’appui. »

« L’avenir, ce n’est pas le macronisme. Les gens veulent tourner la page », croit aussi savoir Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France. Il y aurait un prétendu « frémissement » à droite. Pourtant, à en croire les différents sondages, une candidature LR à l’élection présidentielle peinerait à réunir 10 % des voix. Et rares sont les villes que le parti pourrait conquérir seul aux municipales de 2026.

Qu’importe, la droite rêve à nouveau. Et valide la stratégie des outrances des aspirants chefs à plumes, sur l’immigration ou la sécurité. « On sent que la droite existe à nouveau médiatiquement, qu’elle redevient attractive, se satisfait Émilien, 24 ans, penché sur sa fiche d’adhésion. Que certains aillent trop loin, comme Laurent Wauquiez qui veut envoyer les OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, ce n’est pas grave. On fait l’actu et on éclipse le vide macroniste et les délires de la gauche. » À en croire LR, les nouveaux adhérents comme lui seraient nombreux. Selon plusieurs sources internes, le nombre de personnes inscrites pour désigner leur prochain chef de file serait passé de moins de 44 000 en février à près de 100 000 aujourd’hui… Des chiffres impossibles à vérifier.

Sur scène, entouré de militants, Bruno Retailleau a reçu le message. Debout, il égraine toutes les polémiques qu’il a pu lancer ces derniers temps. Relativisation de l’État de droit, bannissement du voile… un curieux palmarès dont il se vante. « Mes polémiques ont été des tentatives de passer au-dessus de la bien-pensance et les Français m’ont à chaque fois soutenu, clame-t-il. Sans nos prises de risques gagnantes, Emmanuel Macron aurait donné les clés à la gauche la plus mélenchonisée. » Le ministre de l’Intérieur n’attend désormais qu’une chose : gagner le congrès, pour ensuite démissionner du gouvernement et se démarquer du camp politique dont il aura été la béquille depuis la dissolution.

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