Liste d’expulsés rejetée par l’Algérie : Bruno Retailleau promet une « riposte », l’extrême droite surenchérit
Nouvelle étape dans les tensions avec l’Algérie entretenue par le ministre de l’Intérieur. Après que la liste de 60 de ses ressortissants à expulser remise vendredi 14 mars par la France a été rejetée lundi par l’Algérie, Bruno Retailleau, qui s’est récemment fait rappeler à l’ordre par Emmanuel Macron pour sa volonté appuyée par le premier ministre de mettre fin aux accords de 1968 avec le pays, a annoncé une « riposte graduée ». Cela signifie la « suspension des accords de 2007 pour l’exemption de visa aux détenteurs de passeports diplomatiques », a-t-il précisé dans la soirée de lundi, s’appuyant pour justifier la mesure sur les décisions du « comité interministériel, présidé par le premier ministre ».
En rejetant cette liste, l’Algérie a dit n’être « animée que par le souci de s’acquitter de son devoir de protection consulaire à l’égard de ses ressortissants », selon un communiqué de son ministère des affaires étrangères. « Sur la forme », Alger a estimé que Paris « ne pouvait pas unilatéralement et à sa seule discrétion remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d’éloignement », celui qui relie chaque préfecture française au consulat algérien de sa zone. « Sur le fond », l’Algérie a rappelé l’existence d’accords bilatéraux de 1974 et 1994 qui restent « le cadre de référence principal en matière consulaire entre les deux pays ».
Le Rassemblement national avance ses pions
Au total, c’est un nouveau pas franchi dans le chaos diplomatique alimenté par la reconnaissance en juillet dernier par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ou encore l’arrestation en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal.
Auxquels s’est ajouté le refus de l’Algérie d’accepter plusieurs ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), dont l’auteur d’un attentat qui a fait un mort à Mulhouse le 22 février ou encore l’influenceur Doualemn. « Tant que j’ai la conviction d’être utile et que les moyens me sont donnés, je serai mobilisé. Mais si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais », a-t-il lancé dans les colonnes du Parisien ce week-end.
L’extrême droite n’est pas en reste et s’est saisie de l’occasion pour lancer une nouvelle salve. « L’heure n’est plus aux déclarations d’intention », a ainsi écrit sur X Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national, demandant un « gel des visas et des transferts de fonds privés », la « fin de l’aide publique au développement », et la « dénonciation des accords de 1968 ». Engager le bras de fer ou se coucher. À l’unisson, le président du RN Jordan Bardella a jugé « Bruno Retailleau (…) au pied du mur » , appelant à ce que la riposte soit « mise en œuvre sans délai ». Ou comment droite et extrême droite sont sur la même longueur d’onde.
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