Quatre mois après l’arrestation arbitraire du romancier franco-algérien Boualem Sansal en Algérie, Maître François Zimeray attend toujours la réponse à ses deux demandes de visa pour se rendre auprès de son client. Une campagne de dénigrement, aux accents antisémites, a même été déclenchée à son encontre dans la presse algérienne dès sa désignation.
L’avocat n’a eu aucun contact avec son client
Maître François Zimeray n’a pas pu rencontrer l’écrivain, accéder au cabinet du magistrat instructeur ou voir les charges qui pèsent contre lui. Constatant de ce fait que « sa défense est aujourd’hui impossible », il a annoncé mardi 11 mars lors d’un point presse chez Gallimard, saisir plusieurs instances de l’ONU : « Les droits de la défense étant rendues impossibles par le discrédit de l’avocat et l’impossibilité physique qui lui est faite d’exercer son métier, il n’y a pas de procès équitable, en ce cas la détention est arbitraire ».
Avant d’ajouter : « Nous allons, saisir les organes de l’ONU du Haut-Commissariat aux droits de l’homme chargés d’apprécier le caractère arbitraire d’une détention, de dénoncer les violations des traités définissant le procès équitable. » Une décision concrétisée dès le lendemain, avec la saisine des procédures spéciales des Nations Unies, « à la fois en ce qui concerne l’indépendance des juges et des avocats, l’indépendance de la justice, les violations de la présomption d’innocence et les violations de la séparation des pouvoirs qui sont la base de tout procès équitable et également le caractère arbitraire de cette détention ».
« C’est un couvercle de peur, de menace et d’intimidation »
Depuis quinze jours, plus aucune nouvelle de Boualem Sansal, pourtant atteint d’une maladie grave. On sait qu’il a subi des pressions pour changer d’avocat contre son gré et qu’il a protesté avec vigueur. Selon le journal El Watan, il aurait alors décidé de se défendre seul. « Mis depuis au secret absolu, dit encore son avocat, c’est un couvercle de peur, de menace et d’intimidation qui s’est abattu sur lui et ses proches. Cela doit être dénoncé ».
Ce genre de procédure spéciale met-elle du temps et aura-t-elle une chance d’avoir un effet sur sa détention ? « Elle est longue, explique Maître Zimeray mais la saisine peut être plus rapide. Ces procédures, si elles n’ont pas de force impérative, possèdent une force morale très grande ». L’Algérie est sensible à l’image de son pays dans les instances multilatérales. Elle est actuellement membre élu par l’Assemblée générale pour un mandat de deux ans au sein du conseil de sécurité des Nations Unies, « conseil qui ne peut avoir pour membre un pays qui s’assoit sur les droits fondamentaux », conclut-il.
Au plus près de celles et ceux qui créent
L’Humanité a toujours revendiqué l’idée que la culture n’est pas une marchandise, qu’elle est une condition de la vie politique et de l’émancipation humaine.
Face à des politiques culturelles libérales, qui fragilisent le service public de la culture, le journal rend compte de la résistance des créateurs et de tous les personnels de la culture, mais aussi des solidarités du public.
Les partis pris insolites, audacieux, singuliers sont la marque de fabrique des pages culture du journal. Nos journalistes explorent les coulisses du monde de la culture et la genèse des œuvres qui font et bousculent l’actualité.
Aidez-nous à défendre une idée ambitieuse de la culture !
Je veux en savoir plus !