Interdiction du voile dans le sport pour « se protéger de la menace islamiste », « barrage à la gauche »… Avec Bruno Retailleau, six mois que l’extrême droite est à l’Intérieur

Mettre encore plus de moyens à disposition des forces de police, durcir les conditions de naturalisation ou augmenter le nombre de places en Centre de rétention administrative (CRA)… Ce jeudi 10 avril, Bruno Retailleau évoque ses « futurs chantiers » et dresse le bilan de ses six mois de fonction place Beauvau, lors d’une conférence de presse. Une manière pour le candidat à la présidence des Républicains de poursuivre son occupation de l’espace médiatique, à quelques semaines des scrutins qui se dérouleront les 17 et 18 mai prochains, lors du congrès de son parti.

Rien de nouveau sous le soleil de la droite réactionnaire : le ministre de l’Intérieur continue d’ériger en cheval de bataille sa lutte contre le narcotrafic, mais insiste surtout contre « l’immigration illégale mais aussi l’immigration légale », à coups de circulaires et de lois autoritaires. Des mesures qu’il se félicite de porter, comme le durcissement du droit du sol à Mayotte (à défaut de l’abolition qu’il souhaitait), adopté définitivement au Parlement mardi dernier. Côté chiffres, Bruno Retailleau se réjouit d’une baisse de 20 % des régularisations, et d’une augmentation de 6 % des interpellations de personnes en situation irrégulière.

« Faire barrage à la gauche »

« J’enverrai très prochainement aux préfets une circulaire pour durcir les conditions de la naturalisation », a-t-il également annoncé. Son texte prévoit notamment une rehausse de l’exigence du niveau de français, et la tenue d’un « examen civique », pour limiter davantage l’accès des migrants à la nationalité française. Seule fenêtre ouverte aux travailleurs immigrés pour être régularisés : « une circulaire pour orienter prioritairement les étrangers en situation irrégulière vers les métiers en tension », a indiqué François-Noël Buffet, ministre délégué au ministère de l’Intérieur. Encore faut-il que ladite liste existe : sans cesse repoussée, elle devrait désormais être connue avant l’été, ou au plus tard en septembre, prévoit l’exécutif.

Tout au long de la conférence, la stratégie politique et le choix lexical de Bruno Retailleau visaient à flatter l’extrême droite dans l’optique des prochaines présidentielles. Car aux yeux du ministre, ce n’est plus à elle qu’il faut empêcher l’accès au pouvoir : « Nous avons décidé de participer au gouvernement il y a six mois d’abord pour faire barrage à la gauche (…) qui était totalement mélenchonisée. (…) On ne veut pas de chaos », se targue Bruno Retailleau. Dans la même optique, le ministre de l’Intérieur est revenu à la charge sur la proposition de loi LR visant à interdire le port du voile dans le sport, arguant qu’elle permettrait de « mieux se protéger de la menace islamiste ».

Meeting ce soir à Assas

Dans sa course au pouvoir, le candidat à la présidence LR temporise toutefois face à son principal opposant interne. Attendu au tournant sur la polémique lancée par les propos de Laurent Wauquiez au sujet des personnes sous OQTF, Retailleau choisit d’esquiver la surenchère. Mais il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin dans son opération séduction, et doit continuer son autocongratulation devant les étudiants de l’Assas, à l’occasion d’une conférence, ce soir.

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