Port du hijab dans le sport : Jordan Bardella surenchérit et souhaite l’interdire dans la rue

Il y a toujours plus à droite que soi et le gouvernement le découvre à ses dépens. « L’interdiction du voile dans la rue est un objectif à terme », a déclaré, mercredi, sur RMC, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN), en réaction aux déclarations de ministres qui souhaitent prohiber le port du hijab pendant les compétitions sportives.

Le dirigeant d’extrême droite concède que l’« application » d’un tel principe prendrait du temps. « Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Il suffit d’aller discuter en Seine-Saint-Denis avec des policiers », stigmatise-t-il. Pour un premier temps, « le port du voile devrait être interdit dans les bâtiments publics », a-t-il énoncé, insistant sur l’université, mais également sur les accompagnantes de « sorties scolaires ».

Le pas de côté d’Elisabeth Borne fait tâche

L’eurodéputé RN s’engouffre ici dans la brèche ouverte par le sénateur « Les Républicains » Michel Savin, qui a fait voter, le 18 février, au Sénat, une proposition de loi visant à interdire, sous couvert de laïcité, le port du voile lors des compétitions sportives. Cette prohibition toucherait également la pratique amateur.

Le sort de ce texte législatif, qui doit poursuivre sa navette parlementaire, fait débat au sein du camp présidentiel. « Une interdiction générale et absolue du port du voile dans le sport serait contraire à ce qu’est la laïcité en France », a alerté, mardi dernier, sur CNews, Édouard Philippe, ex-premier ministre d’Emmanuel Macron, aux ambitions présidentielles. Élisabeth Borne, elle aussi ancienne cheffe de gouvernement, et actuelle titulaire du portefeuille de l’Éducation nationale, a de son côté défendu le principe du libre choix des règlements intérieurs par les fédérations sportives.

Si la Fédération française de football (FFF) bannit le hijab dans ses compétitions féminines, celle de handball ou d’autres l’autorisent. En 2023, le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative du pays, avait autorisé la FFF à maintenir son interdiction, contre l’avis du rapporteur public.

Ces interventions d’Élisabeth Borne n’ont guère plu aux ministres de l’Intérieur, de la Justice et de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Aurore Bergé ont fait pression sur l’exécutif afin qu’il soutienne la proposition de loi sénatoriale.

Tous les moyens sont bons

Le deuxième a d’ailleurs mis sa démission dans la balance. Furieux, le premier ministre François Bayrou a dénoncé, lors d’un petit déjeuner avec quelques ministres, les « critiques internes inacceptables ». Celui qui a évité le mois dernier une motion de censure grâce à la bienveillance du RN a toutefois accordé le point à l’aile droite de sa majorité, indiquant soutenir la proposition de loi.

Tout comme Gabriel Attal, dirigeant du parti macroniste Renaissance, qui s’est prononcé également pour la prohibition. À l’heure où le gouvernement s’apprête à enterrer les travaux du conclave sur la réforme des retraites, tous les moyens sont bons de faire diversion.

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