Guerre à Gaza : pour Trump, la priorité est la normalisation avec Ryad
L’accord était à peine acté, mercredi 15 janvier, que les avions de chasse israéliens décollaient pour aller bombarder la bande de Gaza. « Depuis que l’accord de cessez-le-feu a été annoncé, les forces d’occupation israéliennes ont tué 73 personnes, parmi lesquelles 20 enfants et 25 femmes » dans des frappes ayant visé principalement Gaza ville mais aussi Khan Younès (sud de la bande de Gaza), a indiqué Mahmoud Bassal, porte-parole de cet organisme de premiers secours.
230 personnes ont également été blessées. De quoi semer la terreur parmi une population en train de se réjouir de ce qui, à leurs yeux, représente la fin d’un long calvaire de quinze mois. Comme si Israël avait voulu rappeler à cette population que l’occupation continuait.
Une nouvelle pirouette de Netanyahou
Un horrible signal suivi d’un autre, plus directement politique mais très explicite celui-là. Le 16 janvier au matin, le cabinet de sécurité israélien devait se réunir pour donner son feu vert à l’accord rédigé sous l’égide des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte.
Mais en lieu et place, un communiqué est tombé comme un couperet, émanant du bureau du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. « Le Hamas revient sur certains points de l’accord conclu avec les médiateurs et Israël dans une tentative d’extorquer des concessions de dernière minute, affirme le texte. Le cabinet de sécurité israélien ne se réunira pas avant que les médiateurs aient notifié à Israël que le Hamas a accepté tous les éléments de l’accord. »
Selon les médiateurs, l’accord prévoit trois étapes commençant par une trêve à partir de dimanche, et la libération sur une durée de 42 jours de 33 captifs israéliens en échange d’un millier de prisonniers palestiniens, ainsi qu’une augmentation de l’aide humanitaire à destination de la bande de Gaza dévastée par la guerre. Mais les autorités israéliennes continuent à cultiver l’ambiguïté en arguant que l’armée restera dans le corridor de Philadelphie, cette zone frontalière entre l’enclave palestinienne et l’Égypte.
« Les accusations (du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou) selon lesquelles le mouvement reviendrait sur des points de l’accord de cessez-le-feu n’ont aucun fondement », a indiqué à l’AFP Sami Abou Zouhri, un dirigeant du mouvement islamiste originaire de la bande de Gaza. Israël « crée des tensions de toutes pièces à un moment crucial et (…) nous demandons au gouvernement américain sortant et au prochain de le forcer à mettre en œuvre l’accord ».
Ryad dans le viseur de Trump
Cette attitude israélienne peut-elle remettre en cause ce qui a été décidé à Doha le 15 janvier au soir ? Certainement pas, car le gouvernement israélien a cédé sous la pression des États-Unis et plus particulièrement du nouveau président qui va prendre ses fonctions ce lundi 20 janvier.
Le quotidien de droite Israel Hayom ne s’y trompait pas en titrant : « Trump se prépare à faire une fête et Netanyahou doit capituler ». Mais, en réalité, le milliardaire américain semble avoir convié beaucoup d’amis à cette « party », et pas uniquement pour célébrer son retour à la Maison-Blanche.
Il entend utiliser au plus vite la nouvelle situation créée au Moyen-Orient, notamment avec la chute du pouvoir baasiste en Syrie, l’affaiblissement du Hezbollah et l’isolement de Téhéran. Un nouvel environnement extrêmement favorable pour l’Arabie saoudite qui peut ainsi prétendre à un rôle de leader régional, damant le pion à l’Iran et surtout à la Turquie dont le poids géopolitique n’est pas totalement du goût de Washington.
Vers un accord entre Israël et l’Arabie saoudite
C’est un véritable retour en grâce de Ryad et une bénédiction pour Donald Trump. Lors de son premier mandat, ce dernier avait tout à la fois reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et l’annexion du plateau du Golan, transféré l’ambassade états-unienne, acquiescé à l’annexion de la Cisjordanie et initié les accords d’Abraham – c’est-à-dire la normalisation des pays arabes avec Israël.
Le Maroc, le Soudan, le Bahreïn et les Émirats arabes unis avaient déjà répondu positivement. Manquait l’Arabie saoudite. Mercredi, celui qui va devenir conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Mike Waltz, a qualifié, dans le podcast de Dan Senor, la normalisation israélo-saoudienne de « priorité absolue », ajoutant : « C’est la prochaine étape des accords d’Abraham, (…) un accord historique formidable entre Israël et l’Arabie saoudite qui changera la région. »
Dans une telle optique, les droits des Palestiniens pas plus que leur avenir ne pèseront très lourd. D’ailleurs, Trump s’est félicité de la libération des Israéliens, sans un mot pour les plus de 40 000 morts palestiniens.
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