Précarité énergétique : une proposition de loi transpartisane pour lutter contre les passoires thermiques

59 %. C’est le nombre de Français qui ont souffert de la chaleur dans leur logement durant l’été 2022. En France, un tiers des logements peuvent être qualifiés de « bouilloire », selon l’indicateur de confort d’été des diagnostics de performance énergétique (DPE). Un problème structurel qui a motivé la Fondation pour le Logement à travailler avec des députés de différents bords politiques (Ensemble, Écologistes, Socialistes et France Insoumise) sur une proposition de loi visant à accélérer la rénovation des logements bouilloires.

« Il y a encore peu de temps, la précarité énergétique était uniquement traitée du point de vue du froid. Or, avec le réchauffement climatique, de nombreux logements deviennent inhabitables pendant plusieurs mois », témoigne Charles Merlin, alias Vivre Moins Con, créateur de contenu sur Internet, qui fait partie des centaines de milliers de personnes qui subissent les conséquences de la précarité énergétique d’été.

« J’habite dans une passoire thermique. En hiver, c’est une glacière tandis qu’en été, c’est un four », explique l’influenceur, locataire depuis 2018 d’un appartement parisien. « Quand je suis arrivé, le logement avait été refait à neuf. Pour autant, aucuns travaux d’isolation n’avaient été effectués. Je loge sous les combles. Or, le toit est fait de zinc et d’ardoise. Ce sont des matériaux qui emmagasinent beaucoup de chaleur. Ce choix résulte de l’ancienneté de l’immeuble, construit avant 1949 », précise-t-il. L’été, son logement dépasse largement les températures recommandées par l’OMS, fixées à 28 degrés le jour et 26 degrés la nuit. « Comme je tourne mes vidéos depuis mon salon, il m’est très difficile de travailler quand il y a de fortes chaleurs. C’est tout aussi inconfortable la nuit où il m’est impossible de dormir. »

40 % des logements français ne sont pas équipés de volets

En 2020, Charles Merlin s’est vu refuser par son propriétaire la pose de volets. L’installation de protections solaires extérieures permet pourtant de limiter la surchauffe. Aujourd’hui, 40 % des logements n’en sont pas équipés. La Fondation pour le Logement a estimé qu’une hausse annuelle d’1 milliard d’euros des aides publiques dédiées aux simples gestes de confort d’été permettrait d’équiper tous les logements de brasseurs d’air et de protections solaires d’ici 2040. Or, l’adaptation aux fortes chaleurs actuelles et futures constitue souvent un impensé, même dans le cas de constructions neuves ou de rénovations globales.

« Un logement bien isolé ne protège pas nécessairement de la chaleur. Seulement 10 % des logements dont le DPE est classé A, c’est-à-dire la meilleure note, ont un confort d’été jugé bon », rappelle Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le Logement. Une anomalie que souhaite corriger la proposition de loi transpartisane, en proposant notamment que les rénovations globales des logements incluent systématiquement le confort d’été. D’autres mesures, comme l’affichage systématique de la note « confort d’été » du DPE du logement sur les annonces immobilières, sont également préconisées. La loi envisage aussi la définition d’un calendrier de rénovation des logements bouilloires à la location à partir de 2030.

Rénover le parc locatif

« Il y a urgence » pour Cyrielle Châtelain, députée et présidente du groupe Écologistes à l’Assemblée nationale. « Subir la précarité énergétique, c’est aussi risquer la mort. Dans une récente étude, Santé Publique France a estimé que 33 000 décès pouvaient être imputés à la chaleur entre 2022 et 2024. » Les inégalités sociales aggravent la menace sanitaire. « Le risque de souffrir de la chaleur dans un logement baisse quand le salaire augmente », souligne Christophe Robert. « C’est maintenant que nous devons nous mobiliser ! Aujourd’hui, le réchauffement climatique a atteint 1,5 degré par rapport à l’ère pré-industrielle. Pour lutter contre le phénomène, il faut réussir à limiter chaque demi-degré tout en agissant sur le parc locatif », plaide Cyrielle Châtelain.

La proposition de loi, déposée ce mercredi 25 juin, devrait être examinée lors de la première semaine transpartisane de l’hémicycle, prévue en fin d’année. En attendant, de nouvelles chaleurs sont attendues d’ici la semaine prochaine, avec des pics allant jusqu’à 37 degrés lundi prochain. Soit 12 degrés de plus que les normales de saison.

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