Rentrée des enseignants, loi d’urgence, cas de choléra… Mayotte face aux conséquences du cyclone Chido

Cinq semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido sur Mayotte, et une semaine après que la tempête Dikeledi ne déferle à son tour, l’Humanité fait le point sur les trois éléments clés à retenir, ce lundi 20 janvier, tandis que, depuis le début de la catastrophe, la réponse de l’État n’a pas été à la hauteur et a ciblé les migrants pour mieux se dédouaner.

Les enseignants font leur rentrée ce lundi

Les enseignants vont reprendre le chemin de l’école une semaine avant leurs élèves, dont la rentrée est prévue « à partir du 27 janvier », selon les propos d’Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, au journal Le Parisien mercredi 15 janvier. Au total, l’archipel compte quelque 117 000 élèves et l’académie de Mayotte emploie un peu plus de 10 000 personnes, dont plus de 8 000 enseignants.

Initialement prévue lundi 13 janvier, une semaine avant celle des élèves, la décision de reporter la date de la rentrée administrative pour les professeurs et personnels avait été annoncée par la ministre de l’Éducation nationale, au moment de la tempête Dikeledi.

Cette tempête « vient une nouvelle fois d’éprouver votre résilience alors que vous vous remettiez à peine des dégâts causés par le cyclone Chido », a écrit la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne dans un courrier adressé, lundi 13 janvier, au personnel de l’Académie de Mayotte.

Pour Sophie Venetitay, secrétaire générale du syndicat SNES-FSU, il s’agissait d’une décision « logique ». Avant l’annonce de la ministre, la FSU, la CFDT et l’Unsa avaient déposé, jeudi 9 janvier, un préavis de grève pour demander le report de la rentrée. « Sans aucune directive, aucun protocole, dans l’improvisation, on nous demande de nous réunir » pour bâtir un « plan de reprise des activités scolaires », avaient souligné les organisations syndicales.

« Beaucoup de nos collègues sont restés et restent encore sans toit, sans eau, sans électricité et ont perdu des biens matériels », écrivaient-elles dans un communiqué, rappelant que le bâti scolaire était « pour partie détruit ».

La loi d’urgence pour Mayotte examinée dans l’hémicycle de l’Assemblée

Les députés entament en séance lundi 20 janvier, à partir de 16 heures, l’examen du projet de loi d’urgence pour Mayotte, premier texte du gouvernement Bayrou à être débattu dans l’hémicycle. Les députés doivent se pencher sur des articles permettant par exemple à l’État de déroger à certaines règles d’urbanisme ou de faciliter les financements pour accélérer la reconstruction des logements, mais aussi des écoles, durement touchées. Une mesure du projet de loi vise par exemple à autoriser l’État d’assurer leur construction, reconstruction ou rénovation en lieu et place des collectivités locales jusqu’au 31 décembre 2027.

En commission, plusieurs dispositions votées ont toutefois fait grincer des dents les députés de gauche, comme un amendement de la rapporteure Estelle Youssouffa, députée Libertés, indépendants, outre-mer et territoires de la première circonscription de Mayotte. Elle avait notamment tenu des propos xénophobes en osant affirmer sur les bancs de l’Assemblée nationale que l’île est en proie à des « barbares en culottes courtes », ajoutant « bien souvent étrangers en situation irrégulière ».

L’amendement vivement critiqué de la députée vise à encadrer la vente de tôle « à la présentation d’un titre d’identité ». Une mesure « choquante », selon les mots de la députée écologiste Dominique Voynet, qui s’est abstenue de voter sur l’ensemble du texte en commission, car cette loi passe « totalement » à côté des enjeux de la « reconstruction », selon elle.

En amont et en réponse aux pistes qui avaient été dévoilées par le gouvernement dirigé par François Bayrou, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, avait exhorté l’Assemblée nationale à créer une commission d’enquête parlementaire « qui aille, toutes tendances confondues, ensemble sur le terrain, mesurer non seulement les dégâts, mais mesurer que le gouvernement prend du retard dans les moyens qu’il faut déployer en direction de la population de Mayotte ».

Un cas importé de choléra identifié dans l’archipel

Un cas de choléra a été identifié à Mayotte, a indiqué, dimanche 19 janvier, l’Agence régionale de santé. « Il s’agit d’un cas importé à Mayotte », a précisé auprès de l’Agence France-Presse Julien Demaria, chef du bureau de la communication de crise sanitaire du ministère de la Santé. Le patient était en effet arrivé par avion sur l’archipel quelques heures avant la détection de la maladie en provenance d’Afrique continentale.

« Le patient a été pris en charge rapidement et de manière sécurisée au Centre hospitalier de Mayotte », a fait savoir l’agence régionale de santé (ARS) dans un communiqué publié dimanche 19 janvier. Un circuit de prise en charge spécifique a été mis en place au sein de l’établissement dès réception du résultat positif et une première équipe d’investigation médicale a interrogé le patient, samedi 18 au soir, afin d’identifier les causes, des cas contacts et autres personnes potentiellement exposées.

L’ARS assure par ailleurs avoir mis en place des actions permettant d’interrompre une potentielle transmission de la bactérie et son implantation sur le territoire qui pourrait être favorisée par les conditions d’hygiène dans lesquelles sont contraints de vivre les habitants de Mayotte et le manque d’accès à l’eau potable.

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