Elon Musk se lance à la chasse à Donald Trump
À peine signée en grande pompe et déjà contestée de l’intérieur. Donald Trump n’aura pas eu le temps de savourer la « grande et belle loi » adoptée par le Congrès jeudi 3 juillet et paraphée par lui le lendemain, jour de fête nationale célébrant l’indépendance du pays.
Un autre oligarque, Elon Musk, est venu la lui gâcher en créant dès samedi un nouveau parti politique nommé « le Parti de l’Amérique ». « Lorsqu’il s’agit de ruiner notre pays par le gaspillage et la corruption, nous vivons dans un système à parti unique, et non dans une démocratie », a écrit le patron de Tesla et de SpaceX sur son réseau social X.
Baisse de l’imposition pour les plus riches et coupes dans les programmes sociaux
Le multimilliardaire avait déjà manifesté son opposition à cette loi budgétaire, l’accusant de creuser la dette publique, ce que confirme le bureau indépendant du Congrès, chiffrant l’alourdissement à 3 000 milliards de dollars sur une période de dix ans. Il semble surtout que ce texte serve de prétexte à Elon Musk pour régler ses comptes avec le président en exercice.
Si la loi approfondit de manière presque abyssale le déficit, elle va néanmoins permettre la baisse d’impôts pour les plus riches et les entreprises ainsi que des coupes brutales dans les programmes sociaux, deux priorités de l’ancien « patron » du Doge, ce fameux département de l’Efficacité gouvernementale chargée de remodeler l’État fédéral.
D’après le Center on Budget and Policy Priorities (Centre sur les priorités budgétaires et politiques), le 1 % le plus riche économisera, en 2026, 25 500 dollars, tandis que plus de 80 % des contribuables américains perdront (moins les revenus sont élevés, plus les pertes sont importantes) entre 1 410 et 2 270 dollars. Via la fiscalité sur les revenus comme sur le capital, les classes supérieures bénéficient d’allégements fiscaux d’une valeur d’environ 4 450 milliards de dollars sur dix ans.
Récupérer les déçus du trumpisme
Cette incarnation parfaite de la théorie du ruissellement sera en partie financée par « la plus importante réduction jamais opérée dans les programmes destinés aux Américains à faible revenu », selon Bobby Kogan, du think tank progressiste Center for American Progress, cité par le New York Times. Medicaid, le programme d’assurance-maladie publique destinée aux enfants pauvres et à leurs familles, constitue la principale cible.
Douze millions d’Américains supplémentaires se retrouveraient ainsi sans assurance dans la décennie à venir. Le programme public d’aide alimentaire (food stamps) voit ses fonds diminuer de 20 % et une obligation de travail est instituée pour y avoir accès.
L’ironie suprême de cette loi est qu’elle va frapper sans doute plus l’électorat républicain que démocrate. « Je pense qu’il est juste de dire que ce « grand et beau projet de loi » portera un coup dur à plusieurs égards aux électeurs de la classe ouvrière et des zones rurales, qui sont devenus le noyau dur de la base électorale de Trump », estime Michael Shepherd, professeur à l’université du Michigan, également cité dans le New York Times.
Et c’est sans doute ici le pari d’Elon Musk : récupérer les déçus du trumpisme. Son nouveau parti n’a sans doute pas une vocation majoritaire mais il pourra suffisamment rogner les ailes de la coalition républicaine pour provoquer sa défaite lors des élections de mi-mandat en novembre 2026.
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