Trump fait adopter un transfert massif de richesses vers les plus riches

En quelques semaines, le trumpisme a révélé sa vraie nature. Les frappes américaines en Iran ont fait éclater le vernis « isolationniste » dont se parait le milliardaire depuis son entrée sur la scène politique en 2015. L’adoption de la « grande et belle loi » par le Congrès a mis fin au camouflage populiste qui a grandement contribué à ses deux victoires. Elle répond parfaitement à la doxa néolibérale des républicains que Donald Trump avait fait mine de critiquer. Quelques mois après avoir retrouvé le bureau ovale, grâce notamment à la promesse d’augmenter le pouvoir d’achat des Américains, Donald Trump a fait acter par sa faible majorité au Congrès le plus important transfert de richesses vers le haut de l’échelle sociale de l’histoire récente, financée par des coupes d’une ampleur inégalée dans les programmes sociaux et le creusement d’une dette déjà abyssale. En d’autres mots, Donald Trump est un républicain qui ne parle pas comme les autres responsables conservateurs mais qui agit parfaitement comme eux.

le 1 % le plus riche économisera, en 2026, 25 500 dollars, tandis que plus de 80 % des contribuables américains perdront entre 1 410 et 2 270 dollars

La loi, adoptée hier soir par la Chambre des représentants (218 voix contre 214) prévoit d’abord de proroger les baisses d’impôts votées en 2017, au tout début du premier mandat Trump. D’après le Center on Budget and Policy Priorities (Centre sur les priorités budgétaires et politiques), le 1 % le plus riche économisera, en 2026, 25 500 dollars, tandis que plus de 80 % des contribuables américains perdront (moins les revenus sont élevés, plus les pertes sont importantes) entre 1 410 et 2 270 dollars. Via la fiscalité sur les revenus comme sur le capital, les classes supérieures bénéficient d’allègements fiscaux d’une valeur d’environ 4 450 milliards de dollars sur 10 ans.

Cette incarnation parfaite de la théorie du ruissellement sera en partie financée par le creusement de la dette (3 300 milliards sur 10 ans) et surtout par « la plus importante réduction jamais opérée dans les programmes destinés aux Américains à faible revenu », selon Bobby Kogan, directeur de la politique budgétaire fédérale au Center for American Progress, un think tank progressiste, cité par le New York Times. Medicaid, le programme d’assurance-maladie publique destinée aux enfants pauvres et à leurs familles, constitue la principale cible. Douze millions d’Américains supplémentaires se retrouveraient ainsi sans assurance dans la décennie à venir. Le programme public d’aide alimentaire (food stamps) voit ses fonds diminuer de 20 % et une obligation de travail est instituée pour y avoir accès.

L’électorat populaire républicain paye le prix fort

L’ironie suprême de cette loi est qu’elle va frapper sans doute plus l’électorat républicain que démocrate. : « Je pense qu’il est juste de dire que ce « grand et beau projet de loi » portera un coup dur à plusieurs égards aux électeurs de la classe ouvrière et des zones rurales, qui sont devenus le noyau dur de la base électorale de Trump », selon Michael Shepherd, professeur au département de gestion et de politique de la santé de l’École de santé publique de l’Université du Michigan, cité dans le New York Times.

Afin d’éviter de subir une défaite lors des élections de mi-mandat par démobilisation de leur propre électorat trahi, les législateurs républicains ont tenté de finasser avec le calendrier : dans un premier temps, les plus importantes incitations fiscales ; après novembre 2026, les plus douloureuses des prestations sociales. Et dès jeudi soir, Donald Trump a entamé, dans l’Iowa, une tournée dans le pays afin de « vendre » l’invendable : une loi qui contient exactement l’inverse de toutes ses promesses de campagne.

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