« Les gens diront que ce n’est pas un État complet, nous nous en moquons » : reçu à la Maison Blanche, Benyamin Netanyahou rejette la reconnaissance d’un État palestinien

Au moins 57 418 Palestiniens – dans l’écrasante majorité des civils – ont été tués par l’armée israélienne, soutenue matériellement par les États-Unis, le Yémen ainsi que l’Iran ont été bombardés et la promesse d’une rapide fin de la guerre en Ukraine s’est éloignée au fil des semaines. Prompt à plonger dans l’indécence, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a profité de son troisième passage à la Maison Blanche, lundi 7 juillet, pour annoncer qu’il a présenté la nomination de Donald Trump pour le prix Nobel de la paix.

« À l’heure où nous parlons, il rétablit la paix dans un pays (après l’autre), dans une région après l’autre », a ainsi osé lancer le chef d’État à la politique génocidaire, en remettant la lettre qu’il a envoyée au comité Nobel au président des États-Unis. Ce dernier, qui répète à l’envi être déterminé à mettre fin à la guerre à Gaza, a reçu son homologue quelques semaines après leur opération conjointe en Iran, ayant mené à un conflit de douze jours.

Une trêve de soixante jours

« Je ne pense pas qu’il y ait de blocage, a estimé Donald Trump, pourtant le premier à agiter le spectre d’un rasage définitif de la bande de Gaza pour ses lubies immobilières. Je pense que les choses se passent très bien. » Le président états-unien l’assure : les représentants du Hamas « veulent une rencontre et veulent ce cessez-le-feu ». Deux sessions de pourparlers indirects entre Tel-Aviv et l’organisation palestinienne ont été organisées depuis dimanche 6 juillet, à Doha (Qatar).

L’accord en discussion comprend une trêve de soixante jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël. « Aucune percée » n’a été encore réalisée, ont cependant tempéré des sources palestiniennes proches des négociations auprès de l’Agence France-Presse (AFP).

L’émissaire attitré de Donald Trump, Steve Witkoff, doit se rendre dans la semaine à Doha, a annoncé la Maison Blanche. Les négociations sont menées via des médiateurs qataris, égyptiens et états-uniens. Les deux délégations dialoguent indirectement, l’une et l’autre se trouvant dans deux pièces différentes au sein du même bâtiment.

Des dizaines de civils israéliens, dont des parents d’otages détenus à Gaza, se sont rassemblées, dans la soirée du lundi 7 juillet, devant l’antenne à Tel-Aviv de l’ambassade des États-Unis, pour demander à Donald Trump de parvenir à un cessez-le-feu. Les manifestants ont brandi une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire « Président Trump, faites l’histoire, ramenez-les tous à la maison, mettez fin à la guerre ». Sur les 251 personnes enlevées lors du 7 octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l’armée israélienne.

La création d’un État palestinien exclue

Benyamin Netanyahou, en position de force, préfère appuyer sa politique génocidaire. Le premier ministre israélien a profité de son passage à Washington pour de nouveau exclure la création d’un État palestinien. Malgré la condamnation de la colonisation par les Nations unies (ONU), ou encore les poursuites engagées pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), Benyamin Netanyahou assume : Tel-Aviv contrôlera « toujours » la sécurité de la bande de Gaza.

Une sécurité qui consiste à bombarder quotidiennement l’enclave palestinienne, décimant une population civile prise au piège. La suite de son intervention atteint quant à elle de nouveaux sommets de cynisme : « Maintenant, les gens diront que ce n’est pas un État complet, que ce n’est pas un État. Nous nous en moquons. » Le premier ministre israélien sème le chaos pour en récolter les fruits : la bande de Gaza a été rasée, la Cisjordanie ne cesse d’être réduite au fur et à mesure que la colonisation du territoire avance, donc la reconnaissance d’un État palestinien n’a, selon lui, plus lieu d’être.

À Gaza, la Défense civile a fait état de douze Palestiniens tués par des bombardements israéliens, dont six dans la clinique Al-Rimal de Gaza-ville (nord). Le bâtiment abritait des centaines de déplacés. « On a été surpris par des missiles et des explosions à l’intérieur du bâtiment. On ne savait plus où aller à cause de la poussière et des dégâts », a alerté Salman Qoudoum, un membre de la clinique, auprès de l’AFP. Ce dernier confie espérer qu’un cessez-le-feu soit réellement prononcé. « On ne peut plus attendre. »

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