Accords commerciaux : Donald Trump conclut une tournée au Moyen-Orient en équilibriste
Pour la première fois depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a pu dérouler un de ses plans, sans obstacles, ni accrocs. Pas de décisions de justice stoppant l’expulsion illégale de migrants. Pas de boycott citoyen visant les entreprises de son allié, Elon Musk. Pas de tensions financières l’obligeant à rétropédaler sur les « droits de douane réciproques ». Pas de manœuvre dilatoire de Vladimir Poutine l’empêchant de régler, en 24 heures, comme promis durant sa campagne présidentielle, la guerre en Ukraine.
Autopromoteur de son art du deal, il repart les bras chargés d’accords commerciaux. Riyad a confirmé des contrats, notamment négociés en amont avec les fils du président, d’une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars. À Doha, les dirigeants qataris ont annoncé une commande de 210 Boeing pour un montant de près de 100 milliards de dollars. Un volume record qui s’ajoute à un cadeau plus personnel : un Boeing 747 destiné à remplacer Air Force One et à demeurer propriété personnelle du président lorsqu’il aura quitté le bureau Ovale. Le Qatar devient ainsi le seul État qui finance à la fois le Hamas et la famille Trump.
Réinsérer la puissance américaine
Si le milliardaire nationaliste avait placé sa tournée sous le sceau des bonnes affaires, celle-ci revêtait également – et peut-être surtout – une dimension politique. Il s’agissait d’une certaine façon de réinsérer la puissance américaine – suspectée, à raison, de s’aligner sur la stratégie de Benyamin Netanyahou – au cœur de la géopolitique du Proche et Moyen-Orient. L’Arabie saoudite, dont le rapprochement avec Pékin n’avait pas échappé à Washington, a ainsi retrouvé une centralité, tandis que l’administration Trump aurait remis une proposition d’accord à l’Iran sur son programme nucléaire, autre pierre d’achoppement régional.
La rencontre avec Ahmed Al Charaa, le nouvel homme fort de la Syrie, en présence de Mohammed ben Salmane et, en visio, de Recep Tayyip Erdogan, suite à la levée des sanctions américaines, a illustré également une volonté d’apaisement que Donald Trump a tenu à expliciter lors d’un discours. Le président américain a assuré que les États-Unis en avaient fini avec leur volonté de « nation building », une notion qui a conduit la superpuissance à s’impliquer dans des changements de régime. Sous les applaudissements de son audience saoudienne, il a également déclaré que l’Amérique ne « donnerait plus de leçons sur comment vous devez vivre ».
La « rupture » avec la doxa néo-conservatrice, jadis en vogue au sein du Parti républicain, est spectaculaire, mais elle n’est en grande partie que sémantique. Avec sa proposition de prendre le pouvoir à Gaza, le même Donald Trump a justement versé dans le « nation building » via un nettoyage ethnique assumé qu’il a, de fait, autorisé la coalition d’extrême droite au pouvoir à Tel-Aviv à mener. Dans ce même discours, Donald Trump a invité les habitants de la région à tracer « leur propre destin à leur manière », un droit qu’il nie de fait aux Palestiniens. Si Benyamin Netanyahou ne figurait pas au programme de cette tournée, il y retrouve finalement son compte.
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