« Des amendes importantes et l’emprisonnement des employés locaux » : l’Inde ordonne à X de bloquer plus de 8 000 comptes et verrouille le débat autour de son conflit avec le Pakistan
Le conflit entre l’Inde et le Pakistan ne cesse de tomber dans une escalade tant meurtrière que politique. Le gouvernement dirigé d’une main de fer par le premier ministre Narendra Modi a passé un nouveau cap, jeudi 8 mai, en ordonnant à X – réseau social dirigé par le non moins autoritaire Elon Musk – de bloquer plus de 8 000 comptes, dont des médias internationaux dont la couverture dérange le régime basé à New Delhi.
La multinationale états-unienne a réagi le même jour en annonçant se conformer « à contrecœur » à ce qu’elle dénonce être une « censure ». Alors que les deux puissances nucléaires rivales connaissent leur plus fort niveau de violences depuis deux décennies, l’Inde n’a pas hésité à agiter le spectre de sanctions, « dont des amendes importantes et l’emprisonnement des employés locaux de l’entreprise », a fustigé X dans un communiqué.
Une avalanche de fausses informations
La plateforme n’a néanmoins pas précisé quels comptes étaient affectés. « Cette décision n’est pas facile à prendre, mais il est essentiel que la plateforme reste accessible en Inde », a expliqué l’entreprise. L’annonce s’inscrit dans une répression plus large, menée depuis plusieurs jours par l’Inde, qui a exigé l’interdiction de plusieurs comptes de figures politiques, de célébrités ou encore de médias pakistanais. Le groupe tentaculaire Meta (Facebook, WhatsApp, Messenger, etc.) a interdit, mercredi 7 mai, à la demande de New Delhi, l’une des pages consacrées aux musulmans les plus suivies sur Instagram.
Le gouvernement indien ne s’embête pas à désigner les posts qui ont, selon lui, violé les lois du pays et ne fournit pas de justification pour de nombreux comptes. La résurgence des violences entre l’Inde et le Pakistan a déclenché une avalanche de fausses informations en ligne, dont New Delhi et Islamabad se sont emparés afin de justifier une mise au pas des opinions divergentes.
Pourquoi l’attentat meurtrier au Cachemire peut-il faire dégénérer la guerre de l’eau entre l’Inde et le Pakistan
Le ministre pakistanais de l’Information, Attaullah Tarar, a par exemple accusé les médias indiens de contribuer à la désinformation sur le conflit : « Nous n’avons fait jusque-là que nous défendre ! » Le centre de recherche International Crisis Group (ICG) met en garde contre « les risques d’une escalade » du fait « de la rhétorique belliqueuse, l’agitation domestique et la logique jusqu’au-boutiste de la surenchère » des deux voisins.
Sur le terrain, les deux voisins sont mutuellement accusés, jeudi 8 mai, d’avoir mené des attaques de drones, aggravant l’inquiétude de la communauté internationale. New Delhi a notamment visé la capitale du Pendjab pakistanais, Lahore, comme d’autres villes. Islamabad a quant à elle annoncé avoir abattu 29 drones, dispersés dans neuf villes. Un mort et quatre soldats blessés ont été annoncés.
Le même jour, le Pakistan a passé un autre palier avec une pluie de missiles lancée sur les postes militaires d’Udhampur, Jalandhar, Pathankot et Jammu, dans la région du Cachemir indien. Un jour plus tôt, dans la nuit du 7 au 8 mai, les armées des deux pays avaient échangé d’intenses tirs d’artillerie après des frappes indiennes au Pakistan visant, selon New Delhi, le groupe qu’il accuse d’avoir commis l’attentat du 22 avril dans sa partie du Cachemire. Ces bombardements ont fait au moins 48 morts dans les deux camps, quasiment tous civils.
Vendredi matin, l’Inde a rapporté de « multiples attaques » de drones et de tirs pakistanais au cours de la nuit, tout le long de la frontière. « Les attaques de drones ont été repoussées et font l’objet d’une réponse appropriée », a ajouté l’armée. Le Pakistan dément avoir frappé en territoire indien. Lors de ces attaques, une civile a été tuée par un tir de mortier dans le secteur d’Uri, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) une source policière, sous couvert d’anonymat. Le dernier bilan, publié jeudi 8 mai par l’Inde, fait état de 16 morts civils. De son côté, le Pakistan déplore 37 morts.
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