REPORTAGE. "Chaque voix va peser lourd" : les électeurs d'extrême droite pourraient jouer les arbitres au second tour de l'élection présidentielle en Pologne
En Pologne, à 48 heures du second tour de l’élection présidentielle, la course s’annonce très serrée entre les deux candidats. Le maire de Varsovie Rafal Trzaskowski et le nationaliste Karol Nawrocki sont chacun crédités d’environ 46 % des voix, selon les dernières estimations. L’extrême droite pourrait jouer le rôle d’arbitre dans le scrutin. Elle a recueilli au total 21 % des suffrages au premier tour.
Comme un jeune de moins de 35 ans sur trois, Konrad a choisi l'extrême droite, le 18 mai, au premier tour de l'élection présidentielle. Privé de son candidat au prochain tour, ce professeur d'université de 33 ans s'interroge. "Je n'ai pas encore décidé, je vais peut-être voter blanc", lâche le trentenaire.
"Ce sont les mêmes qui sont au pouvoir depuis 20 ans et je ne crois en aucun d'entre eux. J'aimerais que la politique soit représentée par une génération plus jeune, sans lien avec le passé."
Konradà franceinfo
Convaincre les électeurs déçus : c'est la mission que s'est fixée Barbara Ribaczewska, maire d'une ville de l'est de la Pologne et soutien du candidat libéral, Rafal Trzaskowski. Elle organise des réunions publiques et des déplacements dans sa commune de 6 000 habitants, où les deux candidats de l'extrême droite ont recueilli 34 % des suffrages. "Chaque voix va peser lourd parce que la différence est très mince, affirme l'élue. Les jeunes sont nécessaires pour gagner ces élections, mais certains ont des opinions extrêmes et aucun argument ne peut les convaincre."
Des milliers d'électeurs encore indécis
Ces appels aux électeurs de la Confédération font sourire le député de la circonscription, Krzysztof Mulawa, élu de l'extrême droite, se réjouit des 15 % obtenus par son candidat au premier tour. Il refuse d'appeler explicitement à voter pour l'un ou l'autre des deux finalistes. "Tout le monde aime la Confédération en ce moment", ironise l'élu. "Le PiS et la Plateforme civique répètent qu'ils ont les mêmes opinions et la même approche dans ces élections... pour avoir nos voix. Et on n'est pas naïfs. Dans quatre jours, ils changeront d'avis", poursuit-il.
Maria, 59 ans, qui vient d'acheter une grande barquette de fraises, a fait son choix. Pour elle, le candidat nationaliste a le meilleur profil pour devenir président. "Ce doit être un homme fort qui doit défendre tous les Polonais et pas juste une communauté. Il doit être un modèle aussi. Et cet homme, c'est Nawrocki. Trzaskowski, lui, il est maire de Varsovie et il n'a rien fait", assène la Polonaise.
À 48 heures du second tour, 10% des électeurs n'ont pas encore fait leur choix. Les candidats finalistes tiennent aujourd'hui leur dernier meeting, ultime chance de faire la différence dans ce scrutin qui se jouera dans un mouchoir de poche.