Présidentielle en Pologne : l’extrême droite s’impose dans un second tour des plus serré

C’est un duel qui s’annonçait des plus serrés et qui l’aura été jusqu’au bout. Mais au lendemain du scrutin, ce lundi 2 juin, c’est bien l’extrême droite qui s’est imposée au second tour de la présidentielle en Pologne. Selon les résultats officiels, publiés par la commission électorale nationale, le candidat nationaliste et conservateur Karol Nawrocki (parti Droit et Justice, PiS, extrême droite) a remporté 50,89 % des voix contre 49,11 % pour le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski (Coalition civique, KO).

Ce dernier, qui est le vice-président de PO, le parti du premier ministre libéral Donald Tusk, a cru un temps à la victoire. « Nous avons gagné », a même déclaré le candidat après l’annonce de premières estimations dimanche fondées sur les résultats de sondages qui lui attribuaient 50,3 % des voix. Il a finalement été rattrapé par son rival appuyé par le PiS nationaliste qui a gouverné la Pologne de 2015 à 2023, ainsi que par le président conservateur sortant Andrzej Duda.

Une campagne xénophobe soutenue par les États-Unis

Admirateur de Donald Trump qu’il a rencontré à la Maison Blanche peu avant le premier tour, Karol Nawrocki a mené campagne avec le slogan « La Pologne d’abord, les Polonais d’abord » et ciblé le million de réfugiés ukrainiens vivant dans le pays mais également de l’Union européenne, envers laquelle il se montre aussi critique.

Les révélations des médias quant au passé de l’historien ultra-conservateur n’y auront rien changé. Selon la presse polonaise, il avait ainsi acquis un appartement auprès d’un homme âgé à l’issue d’une transaction jugée opaque. Et selon le site d’informations Onet.pl, il aurait également été impliqué dans l’introduction de travailleuses du sexe dans un hôtel à Sopot à l’époque où il y travaillait comme garde, il y a une vingtaine d’années. Une enquête qualifiée de « tas de mensonges » par le candidat qui avait tout de même échoué à prendre la tête du premier tour avec 29,5 % contre 31,3 % pour son adversaire.

Il a cependant pu compter sur les réserves de voix escomptées à l’extrême droite – il a notamment signé les engagements exigés par la formation Konfederacja, de Slawomir Mentzen, qui avait frôlé les 15 % – et des soutiens de poids durant la campagne. De passage pour la déclinaison polonaise de la conférence d’action politique conservatrice (CPAC), Kristi Noem, secrétaire à la sécurité intérieure des États-Unis, a estimé en début de semaine dernière que Karol Nawrocki était « le bon dirigeant » pour « ramener l’Europe vers les valeurs conservatrices » en saluant la politique migratoire du PiS.

Une thématique sur laquelle a tenté d’embrayer Rafal Trzaskowski cherchant à donner des gages à l’électorat conservateur pour gagner ses suffrages… sans succès. Son image de progressiste, dans un pays où interdiction de l’IVG et discrimination contre les personnes LGBTQIA + sont aussi un cheval de bataille des nationalistes, a de surcroît été écornée par ses prises de position sur l’immigration notamment. Il a sans doute également payé le prix de la politique sur le plan social du gouvernement Tusk et sa lenteur dans le rétablissement de l’État de droit, mis à mal après huit ans de gouvernance du PiS et du président sortant, Andrzej Duda.

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