Guerre à Gaza : « L’attente était extrêmement difficile », le soulagement des 90 Palestiniens libérés par Israël

Deux bus se sont lancés sur une route de Beitunia, peu après minuit, lundi 20 janvier. Leur direction : Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne. Les deux véhicules ont rapidement été suivis par des centaines de personnes. L’ambiance était au soulagement, à la joie, à l’impatience. Les drapeaux palestiniens et des différentes factions palestiniennes flottaient par dizaines, tandis que des chansons résonnaient dans les rues.

À l’ouverture de leurs portes, une foule en liesse a accueilli avec des larmes de joie, des embrassades et des feux d’artifice, 90 prisonniers palestiniens libérés par Israël de la prison militaire d’Ofer, en Cisjordanie occupée, et d’un centre de détention à Jérusalem. À leur bord se trouvent majoritairement des femmes, des enfants et d’anciens prisonniers.

Placée en isolement durant les cinq derniers mois

Et notamment des prisonniers politiques, comme la membre du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) Khalida Jaffar, dont la libération a fait figure de symbole des conditions de détention au sein des prisons israéliennes. Cheveux blanchis, visage marqué et corps amaigri, elle s’est révélée grandement affaiblie. Arrêtée fin décembre 2023 en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, la femme politique sexagénaire était détenue sans charge et a été placée en isolement durant les cinq derniers mois.

Il en va de même pour Dalal Al-Arouri, sœur du défunt numéro deux du Hamas, Saleh Al-Arouri – tué à Beyrouth (Liban) -, qui a été arrêtée en janvier 2024. « L’attente était extrêmement difficile. Mais grâce à Dieu, nous étions certains que nous serions libérés un jour », se réjouit la journaliste Bouchra al-Tawil, emprisonnée en mars 2024.

« Le dossier des prisonniers politiques palestiniens détenus dans les prisons israéliennes est un sujet central de la vie politique et sociale des Palestiniens, rappelle Salah Hamouri, avocat et ancien prisonnier politique palestinien, dans une vidéo publiée par le collectif français Urgence Palestine, dimanche 19 janvier. C’est un des moyens de destruction de la vie des Palestiniens utilisé par l’occupant israélien. »

Ces 90 détenus palestiniens ont été libérés après que le Hamas en ait fait de même en relâchant trois otages israéliens, quelques heures plus tôt. Il s’agit de l’israélo-britannique Emily Damari, de l’israélo-roumaine Doron Steinbrecher, toutes deux capturées au kibboutz Kfar Aza, ainsi que de Romi Gonen, enlevée au festival de musique Nova, lors de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023.

Exilés vers le Qatar ou la Turquie

Annoncé par les médiateurs – Qatar, États-Unis, Égypte -, mercredi 15 janvier, l’accord ambitionne à terme, selon Doha, de déboucher sur la « fin définitive » du conflit. Selon ses termes, 33 Israéliens doivent être libérés dans une première phase de six semaines. En échange, les autorités israéliennes ont annoncé qu’elles libéreraient 1 900 Palestiniens, dans le même délai. L’accord de trêve précise, par ailleurs, que 236 Palestiniens condamnés à perpétuité, pour avoir commis ou participé à des attaques ou attentats, seront quant à eux exilés, essentiellement vers le Qatar ou la Turquie.

Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré qu’« entre trois et quatre femmes enlevées » seraient « libérées chaque semaine ». Un haut responsable du Hamas a, de son côté, indiqué que la prochaine libération aurait lieu « samedi prochain ».

Pendant ce temps, dans la bande de Gaza, des milliers de déplacés palestiniens ont pris la route pour rentrer chez eux au milieu d’un paysage apocalyptique. Le tout après qu’Israël ait poursuivi les bombardements sur la bande de Gaza – qui ont tué huit Palestiniens, selon la Défense civile gazaouie – jusqu’au dernier moment. « Nous n’avons même pas pu trouver l’emplacement exact de nos maisons », s’est désolée Maria Gad el-Haq, qui fait partie des 2,4 millions de Palestiniens dont la majorité a été déplacée par la guerre, lors de son retour à Rafah (nord de Gaza).

L’entrée en vigueur de l’accord, intervenu à la veille du retour à la Maison Blanche de Donald Trump, nourrit l’espoir d’une paix durable dans les territoires palestiniens, ravagés par l’entreprise génocidaire – longue de quinze mois – du gouvernement israélien. La crainte d’une reprise des attaques reste cependant prégnante, alors que le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a prévenu qu’Israël se réservait « le droit de reprendre la guerre si besoin ».

Pour une information libre sur la Palestine

Nous avons été l’un des premiers médias français à défendre le droit des Palestiniens à disposer d’un État viable dans le respect des résolutions de l’ONU. Et nous avons inlassablement défendu la paix au Proche-Orient. Aidez-nous à continuer de vous informer sur ce qui se passe là-bas. Grâce à vos dons.
Je veux en savoir plus !